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Conséquences en France métropolitaine et en Europe des incendies de forêts dans les territoires contaminés par l’accident de Tchernobyl

28/10/2024

Pour assurer sa mission de surveillance radiologique permanente du territoire, l’IRSN s’appuie notamment sur son réseau de stations de prélèvement de poussières atmosphériques : Le réseau Opera-Air (Observatoire permanent de la radioactivité de l’air). Des concentrations de césium 137 dans l’air supérieures aux niveaux habituels sont ainsi mesurées lorsqu’arrivent en France des panaches d’incendies de grande ampleur qui surviennent dans des régions situées à l’Est de l’Europe, fortement touchées par les retombées de l’accident de Tchernobyl. Cela a notamment été le cas en août et septembre 20021, en août 20102, ainsi qu’en avril 20203 lorsque des incendies majeurs se sont déclarés dans la zone dite « d’exclusion » située dans l’environnement de la centrale ukrainienne. Le dernier événement de cette nature est survenu au cours de l’été 2024 et a donné lieu à plusieurs notes d’informations accessibles sur le site internet de l’IRSN4.

Lors de ces incendies, la combustion de la matière organique, contenue dans les couches superficielles du sol ainsi que celle des végétaux, émet dans l’air une partie des radionucléides encore présents dans l’environnement de la centrale, en raison de leur période radioactive longue. Il s’agit principalement du césium 137 (137Cs), du strontium 90 (90Sr), d’isotopes du plutonium et de l’américium 241. Les concentrations atmosphériques diminuent rapidement du fait de la dispersion des masses d’air au cours de leur transport sur de longues distances.  En France, elles atteignent tout au plus quelques µBq/m3 (5) d’air pour le 137Cs et environ 1000 fois moins pour les isotopes du plutonium, pour le 90Sr et pour l’241Am. Ces concentrations sont sans danger pour les populations, la faune et la flore.

  1. Mémoire de thèse (parution du 10 décembre 2010) : Processus engagés dans la rémanence, au niveau du compartiment atmosphérique, des radionucléides artificiels antérieurement déposés
  2. Cf. les notes d’information d’août 2010 citées en fin de document
  3. Cf. les notes d’information d’avril et de mai 2020 citées en fin de document
  4. Note d'information du 15 octobre : Bilan des valeurs en 137Cs dans l’air en France en lien avec les incendies de fin août / début septembre dans la zone d’exclusion de Tchernobyl
    Note d'information du 27 septembre : Détection de traces de 137Cs dans l’air en Europe consécutives à des incendies dans la zone d’exclusion de Tchernobyl, fin août / début septembre 2024
  5. 1 µBq/m3 soit un millionième de Bq par m3 d’air. Le Bq correspond à la désintégration d’un atome radioactif par seconde.

Les incendies de l'été 2024

Le 16 septembre 2024, l’IRSN est alerté, grâce à son réseau de partenaires internationaux (Le réseau européen d’experts Ring of Five), de la détection, en Scandinavie et en Ukraine, de masses d’air dont la concentration en césium 137 est plus élevée que les niveaux habituellement mesurés. Cet évènement est ensuite confirmé par des mesures provenant de plusieurs pays situés au Nord et à l’Est de la France (Pologne, Allemagne, Estonie, république Tchèque…). Les modélisations réalisées par l’IRSN pour cette occasion confirment que le césium 137 provient d’incendies qui se sont produits dans la zone d’exclusion de Tchernobyl, comme en 2020. Une simulation de la propagation des masses d’air effectuée par l’Institut montre que les panaches se sont d’abord dispersés en direction des pays Scandinaves avant d’aller vers l’Est puis se sont ensuite orientés vers l’Europe de l’Ouest à compter du 15 septembre 2024. Ils ont atteint la France le 17 septembre par ses frontières de l’Est, avant de survoler les régions situées au Nord d’une ligne allant de l’estuaire de la Gironde au lac Léman.

Voir la note d'information du 27 septembre

Les mesures effectuées sur les échantillons d’aérosols atmosphériques prélevés au cours du mois de septembre 2024 par les stations du réseau OPERA de l’IRSN, situées dans la moitié Nord de la France, témoignent de l’arrivée effective de ces masses d’air sur le pays.

Voir la note d'information du 15 octobre

Les conséquences en France de tels évènements

L’importance, tant en intensité qu’en durée, des incendies dans la zone d’exclusion de Tchernobyl d’avril 2020, a conduit l’IRSN à mener une étude plus complète que les notes d’informations publiées à chaque évènement, sur les conséquences en France de tels événements, y compris avec les scénarios d’incendies les plus pessimistes. Cette étude comporte ainsi trois volets : le premier évalue les conséquences en France des incendies de 2020 qui avaient concerné une partie de l’environnement immédiat de la centrale de Tchernobyl ; le second traite du scénario de ce type le plus pénalisant qui puisse être envisagé, en termes de surface et de niveau de contamination de la zone incendiée et de propagation des masses d’air  vers la France ; enfin, le troisième volet estime les conséquences que pourraient avoir un incendie survenant dans une des zones boisées françaises parmi les plus touchées par les retombées de l’accident de Tchernobyl.

Les doses efficaces, qui permettent de quantifier les expositions de la population pour chacun de ces trois scénarios, sont extrêmement faibles, de l’ordre de 1 à 10 nSv pour un adulte, soit de cent mille à un million de fois inférieures à la dose de 1 mSv qui est la dose limite pour l’exposition du public, telle que définie par le code de la santé publique. Ces activités extrêmement faibles qui parviennent en France lors de tels évènements sont sans danger pour les populations et l’environnement.

Incendies d’avril 2020
Incendies d’avril 2020 : cartographie des dépôts de césium 137 (mBq.m-2) obtenue par modélisation

L’ensemble des publications de l’IRSN relatives aux conséquences en France des incendies de grande ampleur survenus dans les régions situées à l’Est de l’Europe fortement touchées par les retombées de l’accident de Tchernobyl de 1986 sont disponibles ci-dessous. Ces publications sont régulièrement mises à jour en fonction de l’occurrence d’incendies dans les régions fortement touchées par les retombées de l’accident de Tchernobyl en 1986.

Rapport IRSN n°2024-00428 du 24 juillet 2024 : Estimation des conséquences radiologiques en France métropolitaine pouvant résulter d’incendies sur des zones contaminées par l’accident de Tchernobyl

Les publications de l’IRSN sur le même thème

2022

Note d'information du 24 mars 2022 : Ukraine : Point sur les incendies dans la zone d’exclusion de Tchernobyl

2021

Note d’information du 21 avril 2021 : Les grands incendies dans la région de Tchernobyl Origines et conséquences environnementales

2020

Note d’information du 7 avril 2020 : Incendie en Ukraine dans la zone d’exclusion autour de la centrale Tchernobyl : Quel impact possible sur notre territoire ?

Note d’information du 15 avril 2020 : Incendies en Ukraine dans la zone d’exclusion autour de la centrale Tchernobyl : Point de situation

Note d’information du 17 avril 2020 : Incendies en Ukraine dans la zone d’exclusion autour de la centrale de Tchernobyl : Point de situation

Note d’information du 24 avril 2020 : Incendies en Ukraine dans la zone d’exclusion autour de la centrale de Tchernobyl : Premiers résultats de mesures en France

Note d’information du 5 mai 2020 : Incendies en Ukraine dans la zone d’exclusion autour de la centrale de Tchernobyl : Derniers résultats des mesures et bilan des conséquences environnementales et sanitaires

Publication scientifique : Masson et al., (2021) Europe-Wide Atmospheric Radionuclide Dispersion by Unprecedented Wildfires in the Chernobyl Exclusion Zone, April 2020. Environ. Sci. Technol. 2021, 55, 13834−13848. https://doi.org/10.1021/acs.est.1c03314

2010

Note d’information du 5 août 2010 : Incendies de forêts en Russie

Note d’information du 6 août 2010 : Incendies de forêts en Russie : très faible risque de contamination pour la France

Fiche d’information du 31 août 2010 : Surveillance de l’impact radiologique des incendies de Russie : résultats des mesures de la radioactivité de l’air effectuées par l’IRSN du 20 juillet au 10 août 2010

Mémoire de thèse (parution du 10 décembre 2010) : Processus engagés dans la rémanence, au niveau du compartiment atmosphérique, des radionucléides artificiels antérieurement déposés