Savoir et comprendre
Résumé
Constat radiologique minier
28/11/2013
L’IRSN a décliné la démarche des constats radiologiques régionaux à l’environnement autour des anciens sites miniers d’uranium.
Un premier constat a été réalisé sur le bassin versant de la Dordogne en considérant l’eau comme vecteur principal de dispersion de la radioactivité.
L’exploitation minière d’uranium exercée dans le passé en France a eu et a encore une incidence sur l’état radiologique du territoire métropolitain. Toutefois, cette incidence est distincte de celle des activités nucléaires liées au cycle du combustible et à la production d’énergie électronucléaire.
En France, l’exploitation de l’uranium a été exercée entre 1948 et 2001 et a concerné environ 250 sites répartis sur 25 départements. Le nombre élevé et la relative dispersion géographique des sites concernés constituent une spécificité importante à souligner. Au total, 52 millions de tonnes de minerais ont été traitées pour produire 76 000 tonnes d’uranium. Par ailleurs, environ 200 millions de tonnes de roches ont été excavées pour accéder au minerai (on parle de « stériles »).
Que sont les stériles miniers ?
Localisées à proximité du minerai d’uranium, les stériles sont naturellement plus ou moins riches en uranium. Pour l’essentiel, les stériles sont restés sur leurs sites de production après leur extraction.
Cependant, dès les premières décennies d’exploitation des mines d’uranium, les stériles ont également fait l’objet de cessions à des entrepreneurs locaux ou à des particuliers en tant que matériau de remblai ou de terrassement. Les cessions se sont arrêtées dans les années 1990. L’émission d’une circulaire conjointe en juillet 2009 a contraint Areva Mines à engager des actions de recensement de ces stériles.
L’IRSN assure la surveillance de l’ensemble des anciens sites miniers d’uranium, avec une focalisation sur l’eau. Les écoulements d’eau constituent un vecteur prépondérant de transport de la radioactivité issue de l’exploitation des sites miniers vers l’environnement. Divers usages (alimentation en eau à des fins domestiques, baignade, pêche, irrigation de cultures, abreuvement de bétail...) peuvent alors être impactés.
Localisation des zones minières d'uranium en France
Bassin de la Dordogne : premier constat radiologique minier
Le bassin versant de la Dordogne est la première zone à avoir fait l'objet d'un constat radiologique minier. Il comprend au total une vingtaine d'anciens sites miniers dont la majorité est en Corrèze. « 40 % de l'uranium produit en France était extrait du Limousin », rappelle Marie-Odile Gallerand, ingénieure à l’IRSN.
- Téléchargez le rapport Constat radiologique minier du bassin versant de la Dordogne sur la base d’une démarche pluraliste menée avec les acteurs du territoire (PDF, 2,71 Mo)
- Téléchargez l'Erratum de mars 2017 au rapport de mission 2016 relatif au constat minier du bassin versant de la Dordogne (PDF, 228 Ko)
- Téléchargez les données brutes du rapport de mission 2016 relatif au constat minier du bassin versant de la Dordogne (XLSX, 901 Ko)
Ce bassin présente un autre avantage : 15 de ses 23 sites miniers sont bien connus de l'IRSN. Ils ont en effet été étudiés dans le cadre du programme Mimausa, ce qui permet de disposer des informations sur la localisation, l’historique et la situation administrative des sites concernés en vue de définir les campagnes de prélèvements. En outre, les équipes de l’IRSN ont de bons contacts avec les acteurs locaux de ce bassin versant.
Le constat minier du bassin versant de la Dordogne vise à acquérir une connaissance fine de la distribution de la radioactivité naturelle liée à la présence d’uranium et de ses descendants radioactifs, en particulier le radium, dans les secteurs exploités et de manière plus générale à l’échelle du bassin.
Pour ce faire, un plan d’échantillonnage a été défini afin de cartographier la distribution des concentrations en uranium et radium 226. Il a abouti à 93 prélèvements d’eau, de sédiments, de végétaux aquatiques ainsi que des denrées alimentaires.
Localisation des points de prélèvements du constat minier du bassin versant de la Dordogne
Les différentes analyses effectuées par l’IRSN montrent qu’il n’y a pas d’impact perceptible des anciens sites miniers sur l’environnement à l’échelle du bassin versant. Dans le détail, les résultats sont les suivants :
- Eau. La concentration de l’uranium dans les échantillons d’eau prélevés avoisine les niveaux mesurés dans l’environnement naturel. L’activité du radium 226 mesurée dans l’eau du bassin versant est similaire à celle observée ordinairement dans l’environnement.
Concentration de l’uranium dans l’eau par secteur
- Sédiments. L’activité de l’uranium 238 dans les sédiments aquatiques prélevés dans le bassin versant varie de quelques dizaines à quelques centaines de becquerels par kilo (Bq/kg) sec. Ces activités sont cohérentes avec celles rencontrées dans des environnements de type sédimentaire ou granitique. Les activités du radium 226 varient dans des proportions comparables au sein de chacun des secteurs échantillonnés.
Activité de l’uranium 238 dans les sédiments
- Denrées. Les niveaux d’activités mesurées dans les denrées et les bio-indicateurs dans le cadre de cette étude sont du même ordre de grandeur queproches ldes valeurs couramment observées dans l’environnement. Les activités des principaux radionucléides de la chaîne de l’uranium 238 sont toutes du même ordre de grandeur.
Activité des principaux radionucléides mesurés dans les denrées
Pour en savoir plus :
- Consulter les pages 121 à 123 du Bilan de l'état radiologique de l'environnement français en 2012 (document PDF - 21,1 Mo)
- Dossier Le programme MIMAUSA
A lire également :
- Consulter le rapport Valeur guide environnementale et valeurs de référence spécifiques pour l’uranium : Synthèse et éléments pour l’application aux eaux douces françaises