Analyse sociologique des incertitudes liées à l’élaboration et l’usage de modèles dans le domaine de l’environnement
Laboratoire d'accueil : Laboratoire de recherche en sciences humaines et sociales (LSHS)
Date de début de thèse : novembre 2018
Cette thèse porte sur les activités de modélisation, étudiées à travers les modèles de comportement des radionucléides dans l'environnement en situation post-accidentelle. L'enjeu de la thèse est d'identifier les dimensions humaines et sociales associées aux activités de production et de validation de modèles et à l'usage de leurs résultats dans l'expertise et les décisions publiques concernant la sûreté des installations nucléaires et la protection de l'environnement contre les effets des radiations. L'objectif de celle-ci est de réaliser une étude critique des modèles de transport et de transfert des radionucléides dans l'environnement. Cette étude concerne plus particulièrement leur structure, leur valeur épistémique et épistémologique. Elle est menée en se centrant sur les mécanismes « humains » qui entrent en jeu dans les processus d'élaboration et d'utilisation des modèles.
L'évaluation de la contamination des terres japonaises suite à l'accident de Fukushima est au cœur des activités de l'IRSN. Elle conditionne la définition des réponses apportées aux grandes problématiques techniques, agricoles, sociales ou économiques. Les moyens humains et financiers affectés par l'IRSN à l'étude de ce problème sont importants, avec par exemple la mise en place du projet « Amélioration des modèles de prévision de la dispersion et d'évaluation de l'impact des radionucléides au sein de l'environnement » (AMORAD). C'est dans ce contexte particulier de production intellectuelle liée à des enjeux variés forts que s'inscrit la thèse.
L'accès aux archives de l'IRSN et aux chercheurs et experts travaillant sur les questions de modélisation permet de disposer d'un matériau d'étude précieux qui nous conduit à développer une démarche mixte, combinant analyse socio-historique et enquête de terrain. La démarche empirique de la thèse est alors de réaliser une généalogie critique des modèles de contamination post-accidentelle, en considérant les enjeux techniques, conceptuels et institutionnels, afin de comprendre et d'expliciter les différents moteurs d'évolution de ceux-ci, qu'ils soient externes (accidents, projets expérimentaux) ou internes (modification de l'usage des modèles, dérive des concepts).
Les retombées de la thèse concerneront à la fois les activités de modélisation relevant du domaine de l'environnement et celles relevant de la sûreté.