Savoir et comprendre
Résumé
La recherche se structure à l’échelle européenne
21/05/2012
Pour atteindre une efficacité suffisante, et pour pérenniser les programmes de recherche et leur financement, les scientifiques de l’Union européenne travaillent désormais en réseau.
HLEG - High level expert group on european low dose risk research
Groupe d’experts créé en 2008.
Membres: 6 personnes issues d’instances ou autorités nationales impliquées dans ce domaine en Allemagne, Finlande, France, Italie et Royaume-Uni, une personne de la Commission européenne et huit experts scientifiques.
Rôle : identifier les questions scientifiques clés non résolues ainsi que les pistes de recherche les plus prometteuses à explorer. Élaborer un agenda stratégique sur trente ans pour la recherche sur les faibles doses. Développer une structure opérationnelle durable.
Melodi - Multidisciplinary european low dose initiative
Structure de gouvernance créée en 2009.
Membres : 10 organismes nationaux dont CEA (Commissariat à l’énergie atomique) et IRSN en France, BfS en Allemagne, ISS en Italie et STUK en Finlande.
Rôle : assurer le financement à long terme de la recherche et harmoniser les méthodologies, interface entre toutes les parties prenantes.
Wolfgang Weiss, président de Melodi :
« La complexité et la nature multidisciplinaire des recherches menées sur les faibles doses sont telles qu’elles ne peuvent être abordées qu’à l’échelle européenne, d’où l’existence de Melodi. Pour adapter au mieux les mesures de protection des populations et des travailleurs, nous devons assurer une intégration durable et solide des programmes de recherche nationaux et européens. Nous voulons aussi promouvoir la plus large communication quant aux résultats et aux connaissances qui découleront de ces recherches. »
Jacques Repussard, directeur général de l’IRSN :
« Le système international de radioprotection, applicable en France, repose pour partie sur le concept de “relation linéaire sans seuil” entre la dose reçue et l’excès de risque d’apparition d’un cancer. Ce concept est très protecteur puisqu’il conduit à fixer des valeurs très basses de doses. Mais il est anxiogène puisqu’il laisse entendre qu’il n’y a pas de dose sans effet. La question des “faibles doses” hante le débat sociétal, alors même que des dépenses considérables sont consacrées à la radioprotection. Or cette relation linéaire sans seuil n’est pas scientifiquement démontrée à des niveaux d’exposition très faibles. Elle résulte d’une hypothèse : celle de l’extension aux faibles doses d’une linéarité constatée à des niveaux plus élevés. Elle laisse de côté la question des effets autres que le cancer. Les pays européens ont décidé de joindre leurs efforts pour tenter de répondre aux questions sur les effets des faibles doses. C’est l’ambition de la plateforme de recherche européenne Melodi, organisé par l’IRSN et le CEA, qui coopérera avec les chercheurs des USA et du Japon. »
Dorémi - Low dose research towards multidisciplinary intégration
Réseau d’excellence 2009-2015, outil opérationnel de Melodi.
Membres : 12 organismes de recherche et universités européens.
Rôle : contribuer à pérenniser l’intégration des recherches en Europe.
3 questions à Jean-René Jourdain
Pharmacien radiobiologiste, délégué aux partenariats internationaux et aux activités transverses à la direction de la radioprotection de l’homme de l’IRSN.
Pourquoi l’IRSN travaille-il sur les faibles doses ?
La réflexion a été lancée en 2000 à la suite des interrogations croissantes de la population. Nous sommes très attentifs aux questions posées par la société, or nous ne disposions alors pas de résultats expérimentaux nous permettant d’argumenter nos réponses. D’où le lancement du programme Envirhom en 2001.
Ces recherches vont-elles permettre de mieux protéger certaines populations à risques comme les travailleurs du nucléaire ?
Dans un premier temps, cela va surtout servir à s’assurer que nous évaluons bien toute la variété de risques, et pas uniquement les cancers comme c’est le cas aujourd’hui. Ensuite cela permettra d’adapter les mesures de surveillance et de dépistage dans les populations à risque.
Parviendra-t-on à définir un seuil en deçà duquel il n’y aurait aucun effet ?
C’est tout l’enjeu de ces études, mais je doute que l’on y parvienne de façon globale. Aujourd’hui le postulat est de dire que dès qu’on dépasse zéro, il y a un risque, c’est la loi du linéaire sans seuil. L’objectif de ces études est de revisiter cette doctrine et, peut-être, à terme, de définir des seuils de risques, qui pourraient très certainement varier selon les pathologies et les populations.