Fukushima : Prévoir la dispersion et l’impact des radionucléides. Le projet AMORAD livre ses conclusions
L’accident de Fukushima Daiichi en mars 2011 a dispersé une importante quantité d’éléments radioactifs dans l’atmosphère et dans l’Océan Pacifique. Quelles sont les conséquences de ces rejets sur l’environnement terrestre et marin ? Cette question a guidé le projet AMORAD au cours de ces 9 années de recherche. Ce projet nous livre désormais ses conclusions.
Le programme AMORAD, lancé en 2013 et financé par le Programme d'Investissements d’Avenir, avait pour objectif d’évaluer précisément les conséquences d’un rejet accidentel de substances radioactives sur l’homme et sur l’environnement. Pour ce faire, le projet a optimisé les modèles de prédiction de la dispersion des radionucléides dans l’environnement, en particulier dans le milieu marin, dans les écosystèmes forestiers et à l’échelle des bassins versants, et l’évaluation des conséquences économiques qui seraient associées aux pertes des ressources forestières et aquatiques ou aux obligations de l’arrêt de l’alimentation en eau potable et d’irrigation.
Une étude en trois axes
Les travaux réalisés pour l’axe marin du projet ont permis des avancées pour la prédiction de la dispersion des particules porteuses de radionucléides, en particulier à l’interface terre/mer mais aussi pour l’évaluation du transfert aux organismes marins avec une prise en compte de l’ensemble de la chaîne trophique et de la vulnérabilité des territoires.
Sur l’axe continental, le projet a permis d’acquérir des connaissances sur différents sites d’observations (rivières japonaises, forêts au Japon, en France, et en Ukraine) pour prévoir le transfert du radiocésium après son dépôt à l’échelle des bassins versants, le cycle des radionucléides au sein de systèmes sol-arbre, ou la contamination du bois de production. Le projet AMORAD a également permis des avancées méthodologiques allant de techniques métrologiques de pointe à des statistiques innovantes appliquées par exemple à la prévision des activités en césium dans les cours d’eau japonais.
Cycle du césium au sein de systèmes sol-arbre.
Source : Pour la science/IRSN
Enfin le projet AMORAD a développé de nouveaux outils afin d’évaluer les impacts économiques d’une contamination résultant de la perte de certains services écosystémiques forestiers (chasse, cueillette), ou aquatiques (eau potable, pêche).
Plus globalement, l’ensemble du projet permet aujourd’hui à la communauté scientifique d’être en mesure de produire des évaluations plus précises, grâce à différents niveaux de modélisation plus ou moins avancés selon les besoins et le contexte, pour évaluer un plus large panel de conséquences d’un accident radiologique ou nucléaire.
Ces modèles pourront aussi être utilisés pour renforcer les stratégies de remédiation des zones contaminées en aidant par exemple à l’établissement de priorités pour la décontamination et au choix de procédés.
Ces acquis ont été présentés au cours du séminaire de clôture du projet AMORAD qui s’est tenu le 21 mars 2022 à l’IRSN. Le séminaire a été animé par les 13 partenaires du projet, comprenant 5 universités françaises (Toulouse, Toulon, Bordeaux, Versailles Saint-Quentin, Pau et Pays de l’Adour), une université japonaise (Tsukuba) et 5 EPIC ou entreprises (IFREMER, CEA, ANDRA, BRGM, EDF, CLS).
Pour aller plus loin
Consulter le descriptif détaillé du projet AMORAD