Savoir et comprendre

Résumé

Un programme en Haute-Vienne

01/01/2021

Deux Communautés de Communes  de Haute-Vienne [1] et l’IRSN ont lancé à la fin 2015,  le programme « Radon : changeons d’air, relevons le défi ».

 

Radon : changeons d’air, relevons le défi

 

L’objectif du programme est de permettre aux habitants de connaître leur niveau d’exposition au radon dans leur logement et de les accompagner dans la mise en place d’actions pour le diminuer.  Comme le soulignait Bernard Dupin, Président de la Communauté de Communes partenaire du programme à l’occasion de son lancement, « la réglementation impose aux communes d’aborder la question du radon dans les écoles ; il est normal d’inciter nos concitoyens à se la poser également à leur domicile. Les mairies ont mobilisé et formé leurs agents pour permettre un déroulement optimal de ce programme qui mise sur la proximité et la responsabilisation de chacun ».

 

Un accompagnement complet

 

Le kit de mesure radon du programme « Radon : changeons d’air, relevons le défi ». Il contient : trois dosimètres Kodalpha, un formulaire d’identification, le mode d'emploi.

D’une durée de près de trois ans, le programme se déroule en trois temps, celui de la sensibilisation, celui de la mesure puis celui de la remédiation.

De mi-décembre 2015 à fin février 2016, des    kits de mesure du radon ont été distribués gratuitement aux habitants volontaires qui se sont présentés dans les mairies des communes participantes. De retour chez eux, les volontaires devaient placer les trois dosimètres contenus dans le kit dans trois pièces de leur logement. 

Après les avoir laissé en place pendant une période d’au moins deux mois, les habitants ont retourné les dosimètres à un laboratoire spécialisé en charge de leur analyse. Puis, en mai 2016, l’IRSN a informé chaque foyer participant, de façon individuelle et confidentielle, des concentrations de radon mesurées dans son logement.

De mai 2016 jusqu’à la mi-2017, les habitants qui le souhaitaient ont pu bénéficier des conseils et de l’accompagnement proposés par l’IRSN et le Lycée des Métiers du Bâtiment de Felletin (LMB) pour diminuer si besoin leur exposition au radon puis évaluer ultérieurement l’efficacité des actions mises en œuvre.

 

Une montée en compétences les professionnels

 

En complément du dispositif d’information et d’accompagnement des particuliers, les partenaires du programme se sont rapprochés des professionnels du bâtiment afin de les sensibiliser au risque radon, de favoriser leur montée en compétence et ainsi de contribuer à faire émerger une offre en matière de remédiation.

 

Avec l’appui des fédérations professionnelles des entreprises du bâtiment (la CAPEB 87 et la FFB 87), des sessions de formation ont été proposées aux professionnels du secteur au printemps 2016. Plus d’une trentaine d’entrepreneurs et artisans y ont participé et ont pu ainsi se familiariser avec les différentes techniques envisageables pour abaisser les concentrations mesurées dans un bâtiment en fonction de ses caractéristiques.

 

Mettre en lumière des exemples de remédiation réussis

 

Le dispositif d’accompagnement mis en place a mené plusieurs particuliers à réaliser des travaux dans leurs habitations. Certaines réalisations ont bénéficié d’un suivi particulier compte-tenu de l’intérêt qu’elles représentaient. Pour en partager les enseignements, l’IRSN a  organisé, le 18 octobre 2017, un atelier de découverte et d’échanges autour de deux chantiers de remédiation réalisés chez des particuliers résidant à Chamborêt et à Saint-Sylvestre.

Cet événement, mis en place en association avec la communauté de communes ELAN, le lycée des Métiers du Bâtiment de Felletin et l’entreprise NEOSFAIR, était l’occasion pour les fédérations professionnelles du bâtiment du département (CAPEB 87 et FFB 87) et des artisans locaux de découvrir et mieux appréhender, in situ, deux techniques innovantes réputées comme les plus efficaces pour lutter contre la présence de radon.

 

L’une concernait un système de dépressurisation du sol ou SDS, l’autre, la ventilation mécanique par insufflation ou VMI, dont l’installation a été effectuée par la société NEOSFAIR. 

 

Echange entre un expert et un particulier
​Echange entre un expert et un particulier.
​Echanges entre les différents acteurs au domicile d’un particulier
​Echanges entre les différents acteurs au domicile d’un particulier.
Présentation par un particulier du système mis en œuvre afin d’abaisser le taux de radon dans son logement
​Présentation par un particulier du système mis en œuvre afin d’abaisser le taux de radon dans son logement.
​Remise d'un kit radon à un particulier ayant réalisé des travaux de remédiation afin qu'il effectue des mesures de contrôle
​Remise d'un « kit radon » à un particulier ayant réalisé des travaux de remédiation afin qu'il effectue des mesures de contrôle.
Système de ventilation mécanique par insufflation mis en œuvre au domicile d’un particulier participant au programme
​Système de ventilation mécanique par insufflation mis en œuvre au domicile d’un particulier participant au programme.

 

 

Les premières tendances en attendant le bilan définitif du programme

 

Au total, le programme aura conduit à la réalisation d’un dépistage du radon dans 729 habitations, ce qui représente près de 10% des résidences principales du secteur. Les résultats confirment clairement que le contexte géologique et les caractéristiques des logements (majoritairement des constructions anciennes, rénovées et très souvent construites sur terre-plein ou directement reliées à une cave enterrée) peuvent conduire à des expositions au radon particulièrement élevées. Dans le cas du secteur concerné par le programme, c’est plus de 70 % des logements qui dépassent 300 Bq/m3, la valeur de référence en dessous de laquelle il convient de se situer, selon les recommandations de la Commission européenne et de l’Organisation mondiale de la santé.

 

En septembre 2016, l’IRSN et ses partenaires ont interrogé les particuliers ayant bénéficié de mesures afin de connaitre les actions qu’ils avaient pu engager. Sur les 250 personnes ayant répondu, environ un tiers indiquait avoir engagé des travaux ou prévoir de le faire. Suite à un nouvel échange début 2017, plus de 50 mesures de contrôle ont été lancées chez les participants ayant indiqué avoir mis en place des actions. Les résultats montrent une diminution des concentrations observées dans une large majorité des cas. Cette diminution est généralement modeste lorsque les actions se sont  limitées à une simple augmentation de l’aération. Elle peut atteindre un facteur 10 voire 20 lorsque des travaux plus spécifiques ont été mis en œuvre (par exemple, amélioration de la ventilation couplée à des travaux d’étanchéité). 

 

Comme le montrent les quelques exemples ayant bénéficié d’un suivi approfondi, il est possible pour un particulier confronté à des concentrations élevées en radon dans son habitation, de dépasser ses craintes et incertitudes et de trouver et mettre en place des solutions efficaces pour réduire son exposition.

 

A chacune des étapes du programme, le partage et la mise en œuvre des actions a contribué à une montée en compétences des différents acteurs locaux (collectivité de communes, professionnels du bâtiment, particuliers…), à la dissémination des bonnes pratiques et à l’enrichissement des savoir-faire.

 

A l’issue du programme initié par l’IRSN et dont la fin est prévue début 2018, c’est de la poursuite de la mobilisation de ces acteurs et de la capacité à disséminer les succès engrangés dont dépendra le véritable succès de l’initiative sur le territoire concerné.

 

De façon plus large, l’expérience menée en Haute-Vienne, riche d’enseignements, alimentera les réflexions en cours dans le cadre du Plan national d’action Radon et pourrait inspirer des démarches similaires dans d’autres territoires.

 

Note:
1- Les communautés de communes des Monts d'Ambazac et Val du Taurion (MAVAT) et de l’Aurence et Glane Développement (AGD), aujourd’hui regroupées au sein de la communauté de communes Entente Limousin Avenir Nature (ELAN). 

​Pour en savoir plus :