Savoir et comprendre
Résumé
L’exposition à la radioactivité naturelle en France
16/09/2016
Les rayonnements ionisants d’origine naturelle représentent les deux tiers de l’exposition de la population en France métropolitaine. Cette situation est due à l’importance et à la multiplicité des modes d’exposition : irradiation cosmique, irradiation tellurique, consommation d’aliments ou d’eaux de boisson contenant naturellement des éléments radioactifs et surtout inhalation de gaz radon.
L’exposition au radon
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Dans une commune à forte concentration en radon, l'exposition moyenne peut dépasser les dix millisieverts par an
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Le radon est un gaz radioactif d’origine naturelle qui émane du sol. Il est issu de la désintégration de l’uranium et du thorium présents dans la croûte terrestre. Par ailleurs, la concentration est plus importante pour des sous-sols granitiques et volcaniques.
Surtout, dans les communes concernées, l’exposition au radon augmente en fonction des caractéristiques du bâtiment et du temps passé par la personne à l’intérieur. Concrètement, le radon se concentre dans les bâtiments clos via les parties directement en contact avec le sol comme les caves.
L’inhalation de gaz radon représente 33 % de l’exposition moyenne d’un habitant en métropole. Dans le cadre du bilan réalisé par l’IRSN, la dose efficace associée au radon est en moyenne de 1,5 millisievert par an (mSv/an), 95 % de la population se situant entre 0,54 mSv et 3,2 mSv/an.
Lire le dossier – Le risque radon dans les habitations en 10 questions
L’exposition aux rayonnements telluriques
La croûte terrestre contient des éléments radioactifs depuis la création de la Terre. Il s’agit essentiellement de l’uranium 235, 238 et du thorium 232, de leurs descendants, ainsi que du potassium 40. En se désintégrant, ces éléments radioactifs produisent des rayonnements provenant du sol : les rayonnements telluriques.
Comme pour le radon, l’exposition à ces rayonnements dépend de la géologie des sols. Elle varie donc selon les régions.
L’irradiation tellurique représente 14 % de l’exposition moyenne d’un habitant en métropole. Dans le cadre du bilan réalisé par l’IRSN, la dose efficace associée à cette source de radioactivité naturelle est en moyenne de 0,63 mSv/an, une gamme typique de variation allent de 0,36 mSv et 1,1 mSv/an.
L’exposition aux rayonnements cosmiques
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L'exposition augmente avec l'altitude, car l'atmosphère absorbe une partie du rayonnement cosmique. Aussi, une personne vivant en altitude et/ou voyageant fréquemment en avion est davantage exposée
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La Terre est continuellement bombardée par des particules chargées de haute énergie (protons, particules alpha, électrons et ions lourds) en provenance de l’espace. Ces particules sont à l’origine des rayonnements dits « cosmiques ».
L’exposition à ces rayonnements est plus importante en altitude. Ainsi, elle double environ à 1 500 m au-dessus du niveau de la mer. L’entrée des particules, qui suit les lignes de force du champ magnétique, est par ailleurs facilitée au niveau des pôles, par comparaison à l’équateur. Ce deuxième paramètre a peu d’impact en France métropolitaine qui se trouve à une latitude moyenne.
Voyager en avion expose à une dose supplémentaire de rayonnements cosmiques. Un trajet d’une dizaine d’heures, pour se rendre de Paris à Los Angeles, Tokyo ou Mexico, expose à environ 0,06 mSv.
L’irradiation cosmique représente 7 % de l’exposition moyenne d’un habitant en métropole. Dans le cadre du bilan réalisé par l’IRSN, la dose efficace associée à cette source de radioactivité naturelle est en moyenne de 0,32 mSv/an. Elle atteint 0,59 mSv/an pour une personne effectuant 10 vols aller-retour par an en avion.
Les rayonnements cosmiques
Calculer la dose de rayonnement reçue lors d'un vol sur le site Sievert
L’exposition liée aux denrées alimentaires et au tabac
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Certains poissons et fruits de mer sont riches en polonium 210, ce qui signifie une dose efficace plus élevée en cas de consommation régulière
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Fruits, légumes, produits laitiers, viande et eaux de boisson contiennent des éléments radioactifs, en particulier du potassium et des descendants des chaînes uranium-thorium.
En effet, les plantes absorbent des éléments radioactifs présents dans le sol et l’air via les racines ou les feuilles. Puis, ce sont les animaux qui les ingèrent en se nourrissant des végétaux. Des éléments radioactifs se retrouvent également dans l’eau par contact avec les roches ou l’air.
S’appuyant sur des mesures dans les denrées et les eaux de boisson, et sur les résultats d’enquêtes sur les habitudes alimentaires des Français, l’IRSN a estimé la dose reçue par un habitant de la métropole à 0,55 mSv par an, soit 12 % de l’exposition moyenne annuelle.
« L’exposition est comparable pour tous les types d’aliments, à l’exception des poissons et des fruits de mer, plus riches en polonium 210. Cela signifie une dose efficace plus élevée en cas de consommation régulière », précise Philippe Renaud, spécialiste de la surveillance de la radioactivité dans l’environnement à l’Institut, avant de souligner que les doses ne justifient en rien un changement d’habitudes alimentaires.
Le tabac, qui contient des éléments radioactifs – polonium 210 – inhalés par les fumeurs, constitue, pour les mêmes raisons, une voie additionnelle d’exposition.
En fonction des habitudes de vie, en particulier la consommation de poissons et fruits de mer ou celle de tabac, l’exposition varie de 0,4 mSv/an à 3,1 mSv/an.
En savoir plus
Calculette - Estimer son exposition annuelle à la radioactivité
Télécharger le rapport Exposition de la population française aux rayonnements ionisants (PDF)