4ème réunion du Comité de suivi du tritium dans les eaux de la Loire au pont Cessart à Saumur : Conclusions et recommandations de l’IRSN
La quatrième réunion du Comité de suivi pluraliste de l’étude des concentrations en tritium dans les eaux de la Loire au niveau du pont Cessart à Saumur s’est tenue le 28 juin dernier à Saumur et par visioconférence. L’IRSN a présenté les résultats de cette étude qui visait à étudier les concentrations, mesurées et modélisées, en tritium dans les eaux de la Loire au Pont Cessart, à la suite de la publication par l’Association pour le contrôle de la radioactivité dans l’Ouest (ACRO) d’une mesure atypique en tritium de 310 Bq/L effectuée sur un prélèvement d’eau de la Loire réalisé le 21 janvier 2019 par des préleveurs citoyens au niveau du pont Cessart à Saumur.
Lors de cette étude, dont la campagne de mesures s’est déroulée sur cinq mois de novembre 2020 à avril 2021, à raison de sept prélèvements quotidiens, et qui a pris en compte les rejets des cinq Centres nucléaires de production d’électricité (CNPE) présents le long de la Loire et de la Vienne (Belleville, Dampierre, Saint Laurent, Chinon et Civaux), plus de 1 100 prélèvements ont été réalisés au pont Cessart et mesurés dans les laboratoires de l’IRSN.
Aucune mesure atypique de tritium relevée durant l’étude
Au cours de cette étude, aucune mesure atypique de tritium dans les eaux de la Loire au Pont Cessart n’a été mise en évidence : les activités volumiques en tritium ont varié entre le seuil de décision1 (2,5 Bq/L) et environ 60 Bq/L, y compris sur la période de fin novembre à début décembre 2020 où les conditions hydrauliques du fleuve et de rejets des CNPE étaient similaires à celles du 21 janvier 2019.
Cette étude a permis d’améliorer la modélisation 1D « SYMBIOSE » de l’IRSN et de développer une nouvelle modélisation 2D « CASTEAUR2D » de la dispersion des rejets dans les eaux de la Loire entre Chinon et Saumur. Les résultats de ces modélisations, utilisant comme données d’entrées les rejets déclarés auprès de l’ASN des exploitants des CNPE, les débits des fleuves ainsi que leur configuration géographique, rendent très bien compte des mesures de concentration en tritium dans la Loire effectuées pendant la campagne. Ces modélisations, qui ont été rejouées sur la période de janvier 2019, n’ont pas permis de retrouver la concentration de 310 Bq/L, les modèles prédisant une concentration en tritium au pont Cessart d’environ 60 à 80 Bq/L.
Néanmoins, cette étude a permis de mieux caractériser les phénomènes de dispersion des rejets entre Chinon et Saumur ainsi que la représentativité des mesures effectuées à la station multi-paramètre (SMP) de l’exploitant située en aval du CNPE de Chinon.
Quelques recommandations
Parmi les recommandations faisant suite à cette étude on pourra notamment retenir les éléments suivants :
- renforcer l’utilisation de la modélisation de la dispersion des rejets dans la surveillance de l’environnement des CNPE, en complément des prélèvements et mesures réalisées par les exploitants, l’IRSN et la société civile, qui doivent satisfaire au plus haut niveau de qualité et de traçabilité ;
- étudier comment la détection des rejets du CNPE de Chinon par la SMP aval de Chinon pourrait être rendue moins dépendante des différents régimes hydrauliques de la Loire, en modifiant par exemple le point de prélèvement, et notamment garantir la détection d’éventuels rejets non maîtrisés du CNPE.
Le groupe de suivi pluraliste a permis à cette étude de faire l’objet d’une coopération pleine et entière de tous les participants, exploitants, services de l’état et parties prenantes, donnant lieu à un travail collaboratif en toute transparence et dans un climat serein et constructif.
Cette étude fera l’objet d’un rapport qui sera rendu public au deuxième semestre 2021 et sera disponible sur le site internet de l’IRSN.
L’ensemble des supports de la quatrième réunion du Comité de suivi est accessible dans la rubrique dédiée du site internet de l’IRSN : Etude du tritium de la Loire « Pont Cessart à Saumur »
Notes :
1- Seuil de décision : Le seuil de décision est la valeur minimale que doit avoir la mesure d’un échantillon pour que le métrologiste puisse « décider » que cette activité est présente et donc mesurée. En dessous de cette valeur, l’activité de l’échantillon est donc trop faible pour être estimée. Ce seuil de décision dépend de la performance et du rayonnement ambiant autour des moyens métrologiques utilisés.