Deux victimes d'irradiation sévère actuellement traitées en France bénéficient des dernières avancées des recherches conduites par l'IRSN
Deux victimes d’irradiation sévère ont été accueillies et sont actuellement traitées en France à l’hôpital des Armées Percy de Clamart : au centre de traitement des brûlés et dans les services de chirurgie plastique et d’hématologie. Le premier de ces deux patients est un ouvrier irradié par une source égarée de gammagraphe sur un chantier de construction de cellulose au Chili. Le second, un technicien a été accidentellement exposé à un irradiateur industriel alors qu'il intervenait sur une installation de stérilisation de matériel médical et alimentaire exploité par la filiale belge d'une entreprise américaine.
Dans les deux cas, une équipe de l’IRSN composée de physiciens dosimètristes, de radiobiologistes et de médecins spécialistes en radiopathologie a travaillé en symbiose avec les cliniciens de l’hôpital Percy qui ont en charge le traitement de ces deux personnes victimes d’irradiations accidentelles.
Au niveau national, l’IRSN apporte son soutien technique et logistique aux structures hospitalières amenées à traiter des personnes irradiées ou contaminées accidentellement en mettant à leur disposition l’évaluation des doses reçues et l’assistance pour le diagnostic et pronostic des dommages radio-induits ainsi que pour la mise en œuvre de la stratégie thérapeutique Cette mission a été récemment confirmée par une circulaire interministérielle du 23 décembre 2005.
Sur le plan international l’IRSN est un centre de collaboration de l’OMS au sein du Radiation Emergency Medical Preparedness and Assistance Network (REMPAN).Par ailleurs l’Institut intervient régulièrement en tant qu’expert international mandaté par l’AIEA (dernièrement le cas de l’accident au Chili).
Les chercheurs de l’Institut ont développé un programme pour améliorer le diagnostic et le traitement des victimes irradiées. En effet, le retour d’expérience des accidents survenus dans le monde depuis l’accident de Tchernobyl jusqu’à celui de Tokai-Mura (Japon) a révélé l’extrême difficulté technique à gérer ce type d’accident. Les accidents d’irradiation sévère sont des évènements rares ; toutefois, chaque cas est unique dans sa configuration, dans son expression clinique et son évolution pronostique. L’efficacité de la prise en charge de tels accidents dépend d’une mobilisation rapide de compétences pluridisciplinaires : cliniciens, chirurgiens, dosimétristes, radiobiologistes et radiopathologistes.
Après douze années de recherches sur les effets biologiques des rayonnements ionisants à doses moyennes et fortes sur les grandes fonctions physiologiques de l’homme, l’institut a pu développer des outils dosimétriques et biologiques permettant d’apprécier l’étendue des dommages radio-induits, paramètres essentiels pour proposer une stratégie thérapeutique.
L’IRSN a aussi démontré sur des modèles expérimentaux l’intérêt potentiel de la thérapie cellulaire pour le traitement des brûlures radiologiques. L’application de cette thérapie en clinique humaine est en cours d’exploration : les premiers résultats encourageants ouvrent de nouvelles perspectives d’application aux lésions graves radio induite d’autres organes que la peau gravement lésés par une irradiation.