Etude IRSN de 2007 sur le coût des accidents nucléaires
Dans le contexte de la communication de l’IRSN sur les résultats de ses travaux scientifiques récents relatifs au coût des accidents nucléaires, certains média ont fait état d’une étude réalisée sur ce sujet en 2007, dans le cadre d’une demande d’expertise exprimée par l’ASN. A cette époque, les résultats des expertises de l’IRSN ne faisaient en règle générale pas l’objet d’une information publique. Toutefois, afin d’éclairer le mieux possible cette problématique, et conformément au principe de transparence, l’IRSN met à disposition sur son site internet le texte intégral de cette étude.
L’IRSN publie l’étude du coût des accidents pouvant affecter un réacteur nucléaire telle que présentée en annexe d’un rapport qu’il a élaboré en 2007 en support à une réunion du Groupe permanent d’experts pour les réacteurs nucléaires siégeant auprès de l’ASN.
Ce rapport intitulé « Examen de la méthode d’analyse coût-bénéfice pour la sûreté » avait pour objet l’analyse d’une proposition faite par EDF concernant une méthode de hiérarchisation des modifications envisageables sur son parc de réacteurs pour obtenir des gains de sûreté. La méthode présentée visait à évaluer l’opportunité relative de telles modifications en tenant compte, d’une part de leur coût, d’autre part de leur bénéfice pour la sûreté et la radioprotection.
Cette méthode coût-bénéfice, si elle était retenue, était destinée à fournir un cadre méthodologique permettant d’éclairer la justification, lors des visites décennales de ses réacteurs, des modifications proposées sur le plan de la sûreté et de la radioprotection. Une telle démarche n’était envisagée qu’en complément des analyses de sûreté habituelles et selon une démarche prudente, la probabilité d’accidents entraînant des rejets radioactifs massifs devant être la plus basse possible. Pour mener à bien son analyse des propositions méthodologiques d’EDF, l’IRSN a dû réaliser sa propre étude du coût d’un accident nucléaire, qui constitue bien sûr un élément important pour l’appréciation du bénéfice retiré d’un investissement supplémentaire de sûreté.
Si d'un point de vue général, les avancées sur la problématique du coût des accidents et de leurs conséquences ont donné lieu à des débats intéressants entre les experts, le sujet en est resté à l’époque à un stade théorique, et les aspects économiques n’ont fait l’objet que d'approches préliminaires.
Cependant, ces travaux préliminaires ont montré l’intérêt de développer les connaissances dans le domaine de l’économie de la sûreté, qui sont utiles à l’éclairage des processus de décision. En 2009, l’IRSN s’est doté d’un laboratoire de recherche dans ce domaine, le LERN, qui a notamment entrepris de préciser les estimations des différents facteurs qui concourent au coût des accidents, et à la variabilité importante de ces coûts selon les scénarios étudiés.
L'IRSN a récemment avancé que le coût médian pourrait être de l'ordre de 120 à 430 milliards d'euros selon que les rejets radioactifs seraient retardés et filtrés, limitant ainsi les conséquences radiologiques, ou bien immédiats et non contrôlés, avec des fuites directes vers l’environnement. Cette approche avait déjà été utilisée en 2007, avec la différence tout à fait importante que les accidents considérés à l'époque étaient choisis pour encadrer la problématique, avec un scénario minorant et un scénario majorant. L'estimation 2007 de 760 milliards d'euros pour le scénario majorant est cohérente avec l'estimation 2012 de 430 milliards d'euros pour un accident majeur représentatif, et non plus pour le plus extrême des accidents majeurs (par ailleurs le moins probable).
À l'occasion de l'étude de sensibilité de l'estimation de 760 milliards d'euros pour le scénario majorant, le rapport de 2007 citait une valeur extrême, issue d'une modélisation rudimentaire, de 5800 milliards d'euros. Les travaux récents de l'IRSN ne confirment pas cette estimation extrême.
Outre des articles scientifiques qui seront soumis à publication dans des revues spécialisées, et qui pourront donner lieu à débats d’experts, l’IRSN publiera prochainement un rapport à caractère méthodologique sur les travaux menés depuis cette étude préliminaire de 2007.