Fukushima en 2016 : l'IRSN fait le point
Cinq ans après l'accident de Fukushima, le Japon poursuit les actions de reprise de contrôle de la centrale et de maîtrise des rejets radioactifs. Au niveau international et en France, l’accident a conduit à renforcer les dispositions de sûreté et à lancer de nouveaux programmes de recherche.
Cinq ans après l’accident à la centrale nucléaire de Fukushima Daiichi, les efforts se poursuivent pour maîtriser les installations dans un contexte toujours difficile lié à une connaissance encore limitée de l'état des réacteurs et des bâtiments endommagés. Ces actions s’inscrivent dans un plan à long terme qui doit aboutir au démantèlement de la centrale d’ici 30 à 40 ans.
Par ailleurs, la pollution des eaux souterraines due aux dégradations des barrières de confinement entraîne toujours des rejets radioactifs diffus dans l’environnement. Cette situation oblige Tepco, l’exploitant de la centrale japonaise, à mettre en œuvre des dispositions spécifiques, en particulier la couverture des bâtiments des réacteurs endommagés et la construction de barrières enterrées.
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L’accident de Fukushima a également montré une vulnérabilité des installations nucléaires en cas d’agressions naturelles extrêmes et multiples. Au niveau mondial, ce constat a conduit à lancer de nouveaux programmes de recherche et à renforcer les dispositions de sûreté. C’est dans ce cadre que la France a défini un « noyau dur post-Fukushima » qui vise à doter progressivement les installations de l’Hexagone d’une ligne de défense supplémentaire pour faire face à des niveaux d’agressions supérieurs à ceux précédemment envisagés.
Autre évolution indispensable : améliorer les outils de pronostic conçus pour aider les pouvoirs publics dans leur prise de décision en situation de crise. Au Japon, des écarts ont ainsi été constatés entre les modèles de dispersion des rejets radioactifs dans l’atmosphère et les mesures effectuées dans l’environnement. Le retour d’expérience de Fukushima a déjà permis une réduction des incertitudes des outils de simulation.
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Dans les territoires contaminés de Fukushima, des études se poursuivent afin de suivre les effets des rejets sur l’environnement et de mesurer l'efficacité des actions de décontamination, qui ont pour conséquence la génération d’un volume très important de déchets. Les scientifiques ont déjà réuni suffisamment de données pour démontrer l’existence d’effets sur les espèces animales et végétales. Toutefois, les résultats sont souvent contradictoires et différents de ceux observés dans la région de Tchernobyl (Ukraine) dans la zone d’exclusion contaminée à la suite du premier accident majeur de 1986.
L’un des principaux objectifs des études est d’améliorer la gestion post-accidentelle, en prenant notamment en compte la gestion de la forêt qui est contaminée dans la durée et la migration des dépôts radioactifs via les cours d’eau. Par exemple, des programmes de recherche sont en cours pour améliorer la modélisation de la contamination des différents écosystèmes.
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L’accident a enfin entraîné des conséquences sanitaires et sociales importantes. Quatre études épidémiologiques ont été initiés afin d’évaluer régulièrement l’état de santé de la population de la préfecture de Fukushima. Elles concernent en particulier les évacués qui se trouvaient dans les zones les plus exposées aux retombées radioactivités et deux populations à risque : les femmes enceintes et les enfants.
En parallèle, les travailleurs impliqués dans les opérations menées à la centrale nucléaire de Fukushima Daiichi font l’objet d’un suivi spécifique réalisé essentiellement par Tepco, l’exploitant des installations.
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Enfin, et à l'inverse des autorités soviétiques puis ukrainiennes après l’accident de Tchernobyl, le Japon a décidé de « reconquérir » les territoires contaminés. Cinq ans après l’accident, les actions massives de décontamination et de revitalisation se poursuivent tant dans les zones évacuées que dans celles contaminées mais non évacuées. Toutefois, un grand nombre des personnes évacuées estiment que les conditions de leur retour dans des conditions acceptables ne sont pas réunies. À ce jour, seuls 900 des 80 000 personnes évacuées sont rentrés chez eux.
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