Valeurs élevées de radon à l'hôpital du Cluzeau à Limoges : recommandations de l'IRSN

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12/06/2012

 

L’IRSN a été sollicité fin 2010 par le CHU de Limoges pour effectuer un dépistage du radon dans l’ensemble de ses établissements (9 sites) en application du code de la santé publique.

 

Au niveau le plus bas du bâtiment principal de l’hôpital du Cluzeau, les valeurs de radon mesurées dans plusieurs zones ont montré un dépassement des niveaux d’action fixés par la règlementation [1], l’une des valeurs atteignant plus de 2 800 Bq.m-3. A la demande du CHU, l’IRSN a alors effectué une campagne de mesures complémentaires afin d’identifier la source ainsi que les voies d’entrée et de transfert du radon dans les locaux.

 

La campagne a permis de confirmer le fort potentiel radon associé aux roches constituant le terrain d’assise du bâtiment et a mis en évidence des défauts d’étanchéité au niveau des interfaces entre le sol et le bâtiment ainsi que l’absence de ventilation ou d’aération efficaces dans une partie des locaux. A l’issue de son expertise, l’IRSN a préconisé la réalisation de travaux d’étanchéification et d’amélioration du renouvellement d’air du bâtiment.

 

Après avoir fait réaliser des travaux d’étanchéification, le CHU a de nouveau sollicité l’IRSN, en février 2012, pour en évaluer l’efficacité. Les mesures de courtes durées réalisées ont mis en évidence la persistance de valeurs très élevées dans plusieurs zones du bâtiment démontrant ainsi que les travaux réalisés étaient insuffisants pour réduire efficacement l’entrée et l’accumulation du radon.

 

Dans son rapport transmis en avril 2012, l’IRSN a renouvelé sa recommandation de compléter les travaux d’étanchéification par une amélioration du renouvellement d’air. Par ailleurs, compte tenu des valeurs élevées de radon observées, de la configuration particulière du bâtiment et du nombre relativement faible de locaux régulièrement occupés, l’IRSN a suggéré au CHU d’étudier la possibilité de modifier l’affectation de la zone concernée de manière à réduire la présence de personnel et donc les niveaux d’exposition.

 

Suite aux recommandations de l’IRSN, la direction générale du CHU de Limoges a décidé de mettre en place un plan d’actions. Dans le communiqué de presse émis à cette occasion, le CHU indique que, par précaution, les activités de la zone concernée sont en cours de relocalisation sur le même hôpital. Il précise également la mise en place, à titre préventif, d’une surveillance médicale individualisée aux personnels ayant travaillé dans ces locaux et ayant potentiellement été exposés à un risque.

 

La situation rencontrée à l’hôpital du Cluzeau à Limoges illustre les contraintes particulières qu’il est possible de rencontrer dans des bâtiments anciens, localisés sur des terrains riches en radon et dont la configuration favorise l’entrée de ce gaz radioactif.

 

Dans une région dont le sous-sol granitique est connu pour ses valeurs élevées en radium (élément naturel à l’origine du radon), le fait qu’un bâtiment soit partiellement enterré comme l’est le bâtiment principal de l’hôpital du Cluzeau constitue un facteur défavorable vis-à-vis de la présence de radon. Des solutions techniques simples et financièrement accessibles permettent généralement de réduire significativement les concentrations observées. Dans des configurations particulières telles que celle du bâtiment incriminé, elles peuvent toutefois être insuffisantes pour atteindre les niveaux fixés par la réglementation. La mise en place de dispositions organisationnelles, telles que celles décidées par le CHU de Limoges, peut alors être nécessaire pour limiter l’exposition des personnes.

 

 

Note :

  1. Niveaux d’action fixés par l’arrêté du 22 juillet 2004, relatif aux modalités de gestion du risque lié au radon dans les lieux ouverts au public :
  • 400 Bq.m-3 :  niveau d’action à partir duquel le propriétaire met en œuvre des actions simples destinées à réduire l’exposition des personnes au radon
  • 1 000 Bq.m-3 : niveau d’action à partir duquel le propriétaire effectue, sans délai, des actions simples destinées à réduire l’exposition des personnes au radon, qui doivent être suivies d’un diagnostic du bâtiment avec, si besoin, des mesures complémentaires.