Exposition au radon dans l'habitat et risque de cancer du poumon
Titre du congrès :Journée Scientifique "Cancer et Environnement" Ville du congrès :Paris Date du congrès :10/10/2005
Le radon est un gaz radioactif émanant du sol. Présent partout, il peut se concentrer dans des endroits confinés tels que les mines, les caves et les habitations. Les études épidémiologiques effectuées sur les mineurs d'uranium depuis les années 60 et les résultats expérimentaux ont permis de démontrer le caractère cancérigène du radon et de ses descendants radioactifs pour le poumon. Néanmoins, de nombreuses questions sont longtemps restées ouvertes, notamment sur la validité des extrapolations et des transpositions des résultats des études sur les mineurs à la population générale. Au milieu des années 90, un projet de recherche Européen, incluant la France, a été lancé dans le but de quantifier le risque de cancer du poumon associé au radon domestique. Les principaux enjeux étaient la mise au point d'un protocole d'étude commun et la prise en compte détaillée des habitudes tabagiques. Le projet incluait 13 études conduites dans 9 pays. Au total, l'analyse conjointe a porté sur 21 356 personnes (7 148 personnes atteintes d'un cancer du poumon et 14 208 témoins indemnes de la maladie). Les résultats ont été publiés fin 2004 dans le British Medical Journal . Ils confirment l'existence d'une augmentation, faible mais statistiquement significative, du risque de cancer du poumon avec l'exposition domestique au radon. Ce résultat n'apparaît que grâce à la puissance statistique importante de l'étude et à un contrôle précis du facteur tabac. Les résultats confirment la validité des extrapolations et des transpositions effectuées à partir des résultats obtenus chez les mineurs. L'étude Française fournit des résultats tout à fait cohérents à ceux de l'étude Européenne. En France, une campagne de mesure du radon dans l'habitat a été conduite par l'IRSN et la Direction Générale de la Santé depuis le début des années 80. Cette campagne nationale qui inclut plus de 12 200 mesures a permis d'estimer l'exposition au radon domestique de la population française et de montrer la grande variabilité géographique des concentrations de radon dans l'habitat. Ces données d'exposition, combinées aux connaissances issues de l'épidémiologie, permettent d'évaluer le risque de cancer du poumon attribuable au radon domestique. Ces résultats pourront s'avérer d'un grand intérêt dans la définition des politiques de santé publique vis à vis du radon. Les recherches sur les risques associés au radon se poursuivent, en particulier dans le cadre de collaborations Européennes, notamment pour améliorer la quantification de l'interaction entre le tabac et le radon sur le risque de cancer du poumon, ou pour évaluer l'hypothèse d'association entre le radon et des risques autres que cancer du poumon.