Internaliser le risque d'accident nucléaire dans le mix électrique
Laboratoire d'accueil : Laboratoire d'économie du risque nucléaire (LERN)
Date de début : octobre 2021
Nom du doctorant : Rémi HANNOTEL
Descriptif du sujet
Face au risque du dérèglement climatique, la décarbonation de notre économie est devenue un objectif central qui gouverne nos choix énergétiques. Cependant, la façon dont sont pris en compte les divers risques associés au processus de décarbonation du mix énergétique pose question, notamment le risque nucléaire.
L'évaluation du risque d'accident nucléaire est déterminée en calculant l'espérance des coûts de l'accident, c'est-à-dire la probabilité d'accident multiplié par les coûts d'un tel évènement. Outre les limites de cette approche liées aux incertitudes qu'elle véhicule, le décideur public est considéré comme neutre au risque, ce qui en implique une appréciation imparfaite du risque d'accident nucléaire sur le mix électrique, c'est-à-dire l'arrêt significatif d'une partie de la production d'électricité d'origine nucléaire. Du point de vue du décideur qui cherche à maximiser le bien-être social, le risque d'accident nucléaire est une externalité à prendre en compte dans ses choix d'investissement, d'autant plus lorsque l'on prend en compte les conséquences sur le mix électrique et les objectifs de décarbonation. Je m'intéresse donc à la manière dont les investissements dans le secteur du nucléaire évoluent pour le planificateur social lorsqu'il internalise le risque d'accident.
En effet, en cas d'accident, outre le risque d'approvisionnement qui impacterait significativement l'économie et la société, le report du besoin en énergie sur les sources fossiles aurait pour conséquence un mix électrique davantage carboné, comme ce fut le cas au Japon après l'accident de Fukushima. Ainsi, les diverses politiques environnementales visant à internaliser la pollution induite par l'utilisation des énergies fossiles, comme la taxation du CO 2 , augmentent le coût associé à l'accident et donc peuvent jouer un rôle sur la façon dont on apprécie le risque nucléaire, influençant par conséquent les investissements en termes de sûreté et de capacité installée.
Je mobilise un « modèle de Ramsey » intégrant un système énergétique à une économie afin d'optimiser les choix d'investissement en prenant en compte le risque d'accident et les capacités installées. Le risque d'accident impacte le module énergétique notamment au travers d'une diminution du facteur du charge de la production nucléaire, une plus grande dépréciation des capacités installées et une élévation des coûts d'opération et de maintenance. Le modèle permet d'analyser la façon dont les investissements devraient évoluer compte tenu du choc, en intégrant la dimension intertemporelle du problème, ce qui rend central la façon dont le planificateur social valorise le futur.