Accident de Fukushima Daiichi : Modélisation de la dispersion des rejets radioactifs dans l’atmosphère à l’échelle mondiale - Mise à jour du 22 mars 2011

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22/03/2011

 

A partir des rejets estimés par l’IRSN, Météo France a simulé la dispersion des rejets radioactifs à très grande distance, projetée jusqu’au 26 mars.

 

Version du 22 mars 2011.

 

Selon cette simulation, le panache radioactif aurait atteint les Etats-Unis dès le 16 ou 17 mars. Cette prévision est cohérente avec l’observation, rapportée sur le site internet de l’Agence de Protection de l’Environnement (US-EPA), de traces d’iode et de césium radioactifs mesurée dans l’air le 18 mars à Sacramento en Californie. Les valeurs mesurées étaient de 0,165 mBq/m3 pour l’iode 131, de 0,03 mBq/m3 pour l’iode 132 et de 0,002 mBq/m3 pour le césium 137.

 

Les polluants radioactifs dispersés dans l’air ont atteint ensuite les Antilles françaises à partir du 21 mars et Saint-Pierre-et-Miquelon à partir du 23 mars. Les niveaux de concentration des radionucléides dans l’air, estimée inférieures à 1 mBq/m3, sont extrêmement faibles et ne peuvent pas être détecté par les balises de mesures en continue du rayonnement ambiant (Téléray) installées à Point-à-Pitre, à Fort-de-France, à Cayenne et à Saint-Pierre-et-Miquelon. D’ailleurs, l’EPA qui dispose d’un réseau d’alerte comparable à Téléray (réseau Radnet) ne signale actuellement aucune radioactivité anormale sur le territoire américain. L’IRSN devrait prochainement recevoir des échantillons d’eau de pluie et de végétaux prélevés dans les Antilles, en Guyane et Saint-Pierre-et-Miquelon.

 

L’Europe a pu à son tour être touchée à partir du 22 ou du 23 mars. En France, c’est surtout à partir du 24 mars que des traces de particules radioactives pourraient être présentes dans l’air, à des niveaux très faibles qui devraient être de l’ordre du mBq/m3 au maximum. Ces très faibles concentrations, qui pourraient durer plusieurs jours voire plusieurs semaines (en l’absence de rejets importants nouveaux venant de la centrale de Fukushima), ne seront pas détectées par le réseau Téléray (163 balises en France métropolitaine) et seront difficilement détectables par les moyens de surveillance usuels. Il est probable que seules les mesures des échantillons de poussières atmosphériques recueillies par les stations de prélèvement d’air à très grand débit de l’IRSN, effectuées à l’aide de techniques d’analyse permettant d’atteindre des limites de détection très basses, devraient permettre une quantification des substances radioactives de l’air émises lors de l’accident de Fukushima. Ces prélèvements et ces analyses nécessiteront plusieurs jours avant que les premiers résultats soient disponibles. Ceux-ci permettront de vérifier les prévisions effectuées par modélisation.

 

Comme attendu, l’hémisphère sud n’est pas significativement affecté par cette dispersion à grande  échelle.

 

Les niveaux de concentration dans l’air attendus en Amérique et en Europe sont trop faibles pour présenter un risque pour la santé et l’environnement, même s’ils devaient se poursuivre sur plusieurs mois.

 

A titre de comparaison, les valeurs mesurées au cours des jours suivant l’accident de Tchernobyl dépassaient 100 000 Bq/m3 dans les premiers kilomètres autour de la centrale ; elles étaient de l’ordre de 100 à 1000 Bq/m3 dans les pays les plus touchés par le panache radioactif (Ukraine, Biélorussie) ; en France, les valeurs mesurées dans l’Est étaient de l’ordre de 1 à 10 Bq/m3 (le 1er mai 1986). Aujourd’hui, une très faible activité de césium 137 subsiste dans l’air, de l’ordre de 0,000001 Bq/m3.

 

Pour estimer ces niveaux de contamination de l’air, l’IRSN a dû au préalable évaluer la quantité de radioactivité qui a pu être rejetée du 12 au 22 mars 2011 par les trois réacteurs accidentés.

 

Des mesures de précaution sont-elles nécessaires?

 

Il n’y a aucune mesure à prendre lorsque les masses d’air en provenance du Japon arriveront au dessus de la France.

 

En effet, en l’état actuel, les retombées radioactives consécutives au passage des masses d’air en provenance du Japon devraient être 1000 à 10000 fois inférieures à ce qui a été observé en France après l’accident de Tchernobyl.

 

Ces retombées seront sans conséquence pour la santé des Français et pour l'environnement. Aucune précaution particulière n’est à prendre pour les adultes, femmes enceintes et les enfants : pas de restriction alimentaire, pas de prise d’iode stable, pas de mise à l’abri ou de confinement.

 

Nous attirons votre attention sur le fait que la prise d’iode stable doit se faire uniquement sur ordre du Préfet et qu’il est dangereux d’ingérer des comprimés d’iode stable lorsque la situation ne l’exige pas.

 

Et en cas de pluie ?

 

La présence de pluies peut augmenter les dépôts consécutifs au passage des masses d’air en provenance du Japon. Cependant, même en présence de pluies, les retombées seront très faibles et ne nécessitent pas de précautions particulières.

 

Les eaux de pluie feront l’objet de mesures par l’IRSN, sans qu’une contamination significative de ces eaux ne soit attendue.

 

Aucune contamination des nappes phréatiques n’est attendue en France.