Concentration élevée de radon dans une maison à Bessines : l’IRSN publie son rapport d’expertise
L’IRSN publie son rapport d’évaluation des risques sanitaires des occupants d’une maison construite sur des résidus de traitement de minerais d’uranium à Bessines-sur-Gartempe (Haute-Vienne), à 35 km au nord de Limoges.
En mars 2014, des concentrations anormalement élevées de radon, un gaz radioactif d’origine naturelle issu de la désintégration de l’uranium présent dans des roches telles que le granite, ont été détectées dans une maison de Bessines-sur-Gartempe (Haute-Vienne) construite sur des résidus de traitement de minerais d’uranium.
A la demande des pouvoirs publics, l’IRSN a été chargé d’évaluer la situation radiologique de la maison et les risques sanitaires pour les familles successives qui y ont logé et les enfants qui ont été gardés.
Pour réaliser cette mission, l’Institut a dépêché sur place plusieurs équipes et mobilisé ses moyens techniques (laboratoire mobile d’anthroporadiométrie, véhicule laboratoire de caractérisation de prélèvements et de mesure des rayonnements ionisants et laboratoire d’analyses médicales radiotoxicologiques).
Télécharger la note de synthèse de l'IRSN : Maison à Bessines-sur-Gartempe construite sur des stériles et résidus de minerais. Estimation des teneurs en radon de l'air intérieur et risques sanitaires induits pour les occupants (PDF - 269 ko)
Télécharger le rapport d'expertise PRP-HOM/2014-00005 : Maison à Bessines-sur-Gartempe construite sur des stériles et résidus de minerais. Estimation des teneurs en radon de l'air intérieur et risques sanitaires induits pour les occupants (PDF - 954 ko)
Expertise radiologique de la maison
La concentration de radon mesurée dans les différentes pièces de la maison est exceptionnelle.
A partir de mesures réalisées sur plusieurs jours, des concentrations représentatives de radon dans les différents lieux de vie de la maison ont été estimées ; elles varient de 8 500 Bq/m3 dans la cuisine en journée à 18 700 Bq/m3 dans le séjour la nuit, soit des valeurs environ 50 fois plus élevées que celles que l’on trouve en Haute-Vienne.
Ces niveaux dépassent très largement la recommandation des organismes sanitaires français et internationaux de situer la concentration de radon en-dessous de 300 Bq/m3 dans les bâtiments existants.
Analyse du risque sanitaire
L’expertise réalisée a montré que l’inhalation de radon a constitué la voie essentielle d’exposition des occupants de la maison. Les analyses biologiques ont, par ailleurs, confirmé l’absence d’une contamination par inhalation ou ingestion de radium.
Classé cancérigène pulmonaire par l’Organisation mondiale de la santé, le radon est une cause de cancer du poumon avérée en cas d’inhalation régulière et sur une longue durée. Le risque de cancer du poumon augmente avec l’exposition cumulée au radon (quantité totale inhalée : concentration x temps passé à l’intérieur de la maison).
Dans la maison de Bessines-sur-Gartempe, les évaluations montrent une diversité de situations :
- Pour les adultes ayant habité pendant une longue durée dans la maison (typiquement plus de 10 ans), la probabilité de cancer du poumon est comparable à celle d’un fumeur régulier.
- Pour les enfants en garde ou en nourrice dans la maison, l’augmentation de la probabilité de décès par cancer du poumon est nettement plus faible et si l’on fait l’hypothèse, comme pour l’adulte, d’une décroissance du risque au-delà de 30 ans après la fin de l’exposition, l’augmentation de risque n’est plus significative.
Recommandations de l’IRSN
Pour ne pas augmenter le risque de cancer du poumon, l’IRSN a recommandé à chaque personne ayant occupé la maison :
- éviter tout tabagisme – première cause de cancer du poumon – compte tenu des effets combinés du radon et du tabac ;
- éviter toute exposition excessive au radon à l’avenir ;
- et de manière générale, éviter l’exposition respiratoire à des composés irritants ou à des toxiques.
L’IRSN a souhaité que chaque personne concernée informe son médecin référent de son exposition au radon et de l’estimation de risque associé pour sa santé.
Le groupe d’experts, réuni par l’Institut National du Cancer, préconise également un suivi médical éventuel adapté, fonction du niveau de risque relatif vie entière de cancer du poumon associé à l’exposition au radon.
Lire l'avis d'expert coordonné par l'Institut National du Cancer