L'uranium et ses descendants dans la chaîne alimentaire
Marion Jeambrun a soutenu sa thèse le 24 septembre 2012 à Strasbourg.
L’uranium, le thorium et leurs descendants se trouvent à l’état de traces dans toutes les roches sur Terre. Sous l’action de l’érosion, des mécanismes de formation des sols et des transferts sol-plante, ces radionucléides sont disséminés dans toutes les composantes de l’environnement. Par le biais des chaînes alimentaires, ils sont ensuite transmis aux animaux et à l’homme. L’objectif de cette étude consiste ainsi à améliorer les connaissances sur les niveaux et la variabilité des activités de l’uranium du thorium et de leurs descendants dans différentes denrées et à faire progresser les connaissances sur leurs sources et leurs transferts.
Cette étude in-situ s’intéresse à la variabilité géologique des sites étudiés (zones granitique et volcanique du Massif central, massif granitique des Vosges et vallée alluviale du Rhône) sur lesquels sont prélevés différents types de denrées (légumes, céréales, viandes, œufs et produits laitiers). Les sources potentielles de radionucléides (eau d’irrigation et sol pour les végétaux ; eau d’abreuvage, aliments et sol pour les produits animaux) sont également prélevées afin d’étudier leur contribution aux activités mesurées dans les denrées.
Les résultats obtenus montrent une grande variabilité des activités dans les végétaux (238U : 8-120 mBq.kg-1 frais dans les salades ; 12-169 mBq.kg-1 frais dans le blé), beaucoup moins prononcée dans les produits animaux (238U : 1,7-9,7 mBq.kg-1 frais dans la viande de volaille ; 0,48‑1,30 mBq.kg‑1 frais dans les œufs). La source principale de radionucléides aux végétaux tels que le blé et les salades semble être le sol de culture. L’eau d’irrigation, lorsqu’elle contient des teneurs en uranium significatives (>30 mBq.L-1), peut également contribuer. L’effet de la remise en suspension de particules de sol et leur adhésion à la surface des végétaux semble également important dans certains cas. Les dépôts de particules atmosphériques concernent principalement 210Pb. Concernant les activités dans les produits animaux, des corrélations négatives ont été constatées avec les activités de leur alimentation (238U : r²=0,96 ; 232Th : r²=0,77). Par contre, des corrélations positives ont été mises en évidence entre les activités en 232Th de la viande et celles du sol potentiellement ingéré par les animaux (r²=0,96) révélant une contribution significative du sol à l’activité en thorium. La contribution de l’eau à l’activité en uranium dans les volailles constitue une piste à approfondir. Ainsi, l’étude des sources potentielles de radionucléides met en avant l’importance de leur rôle dans la compréhension des transferts des radionucléides aux produits alimentaires.