Avis illustré et commenté sur « cycle du combustible nucléaire et impact des scénarios de mix énergétique et de la production actuelle de l’usine MELOX »
L’Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire (IRSN) a expertisé les réponses transmises par les exploitants du cycle du combustible (Andra, EDF, Framatome et Orano) aux demandes formulées par l’ASN, faisant suite à l’instruction du dossier « Impact Cycle 2016 ». Ces demandes concernent, d’une part l’analyse des effets, sur le cycle du combustible nucléaire d’EDF, des scénarios de mix énergétique retenus dans le décret fixant la programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE), d’autre part la transmission du bilan annuel de production des rebuts de l’usine MELOX.
Sur le principe, l’étude transmise par les exploitants du cycle du combustible en réponse à la demande relative à l’analyse des effets, sur le cycle du combustible, des scénarios de mix énergétique retenus dans le décret fixant la programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) apporte les éléments attendus. Elle conclut en particulier à une date de saturation possible des entreposages de combustibles usés plus tôt que celle estimée dans le dossier « Impact Cycle 2016 », du fait notamment de la prise en compte du retour d’expérience du fonctionnement des installations du cycle entre 2015 et 2020.
Toutefois, l’IRSN souligne que les conclusions de cette étude ne sont plus applicables à la situation actuelle de fonctionnement du cycle. En effet, les difficultés de production de l’usine MELOX conduiront à la saturation des entreposages de plutonium à court terme. Par ailleurs, la baisse de la capacité de traitement des assemblages combustibles usés de l’établissement Orano Recyclage de La Hague (fonctionnement de l’usine UP3-A avec deux évaporateurs PF depuis décembre 2021, arrêt prochain des usines de cet établissement pendant plusieurs mois pour la mise en service de nouveaux évaporateurs PF) avance encore l’échéance d’une possible saturation des entreposages actuels d’assemblages combustibles. Enfin, cette échéance pourrait être mise en cause en cas de nouvel aléa affectant cette capacité de traitement.
Aussi, par rapport au dossier « Impact Cycle 2016 », les exploitants ont été amenés à définir de nouveaux projets pour accroître, à court terme, certaines capacités d’entreposage. L’IRSN considère que les exploitants doivent présenter au plus tôt les jalons de réalisation de ces projets. Au regard des éléments précités, l’IRSN considère que, parmi les nouveaux projets présentés, la densification des piscines C, D et E de l’établissement de La Hague semble être la seule solution dont la mise en œuvre est compatible avec les besoins d’entreposage identifiés par les exploitants. Pour autant, l’IRSN estime que la densification de ces piscines ne saurait être envisagée que comme une solution transitoire dans l’attente de la nouvelle piscine d’entreposage d’EDF.