Bilan IRSN 2006 des expositions professionnelles aux rayonnements ionisants : diminution des doses collectives dans les secteurs de l'industrie nucléaire et du médical
Une diminution effective des doses collectives
La dose collective est la somme des doses individuelles reçues par un groupe de personnes. A titre d’exemple, la dose collective de 10 personnes ayant reçu chacune 1 mSv est égale à 10 homme.mSv. La diminution des doses collectives amorcée depuis la fin des années 1990 se poursuit en 2006, en particulier dans les secteurs de l’industrie nucléaire (dose collective divisée par deux entre 1996 et 2006) et du médical, alors que les effectifs surveillés correspondants ont plutôt augmenté. En revanche, les doses collectives restent sensiblement constantes depuis une dizaine d’années dans le secteur de l’industrie non nucléaire. Par ailleurs, si le nombre de travailleurs ayant reçu une dose externe annuelle supérieure à 20 mSv a été divisé par 13 entre 1996 et 2000, le nombre de dépassements observés chaque année depuis 5 ans diminue plus lentement. Comme les années précédentes, les secteurs regroupant les travailleurs les plus exposés sont le secteur médical et celui de l’industrie non nucléaire.
Une baisse de la dose individuelle moyenne sur l’ensemble des effectifs surveillés
En 2006, la dose individuelle moyenne sur l’ensemble des effectifs surveillés est de 0,19 mSv (0,24 mSv en 2005). Sur les 278 150 travailleurs concernés par cette surveillance, 11 484 (4,1%) ont reçu des doses individuelles supérieures à 1 mSv, valeur qui correspond à la limite annuelle pour le public. Le nombre de travailleurs ayant reçu au cours de l’année une dose externe cumulée supérieure à 20 mSv a nettement baissé en 2006 (26 cas pour 40 en 2005).
Selon les secteurs d’activité, des inégalités importantes dans la répartition des doses sont observées. Ainsi, le secteur des activités médicales et vétérinaires qui correspond à la majorité des effectifs surveillés, ne représente que 22% de la dose collective totale mais comprend les travailleurs les plus exposés (18 personnes dont la dose individuelle est supérieure à 20 mSv en 2006). C’est dans le secteur de la recherche que les doses individuelles sont les plus faibles en moyennes (< 0,1 mSv) tandis que les travailleurs des entreprises sous-traitantes des grands exploitants nucléaires ont les doses individuelles moyennes les plus élevées (0,66 mSv).
Une réduction des expositions professionnelles à poursuivre
Les efforts entrepris de longue date dans l’industrie nucléaire ont abouti à une réduction spectaculaire, au fil des années, de l’exposition moyenne des travailleurs, et du nombre de travailleurs dont l’exposition est proche des limites réglementaires. L’IRSN recommande de poursuivre et d’intensifier ces efforts dans l’ensemble des secteurs d’activités afin d’éradiquer les dépassements de valeur limite réglementaire.
La surveillance des travailleurs : une mission de l’IRSN
Le ministère chargé du travail (la Direction Générale du Travail), et l’Autorité de Sûreté Nucléaire s’appuient sur l’expertise de l’Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire (IRSN) en matière de protection des travailleurs au regard des risques liés aux rayonnements ionisants. Dans ce cadre, le code du travail confie à l’IRSN la mission de centraliser l’ensemble des données de la surveillance dosimétrique des travailleurs et d’établir un bilan annuel. La surveillance de l’exposition externe des travailleurs est réalisée grâce à des dosimètres, adaptés aux différents types de rayonnements, qui permettent de connaître la dose reçue par le corps entier ou par une partie du corps (peau, doigt) soit en temps réel (dosimétrie active), soit en différé après lecture en laboratoire (dosimétrie passive). Les travailleurs exposés à un risque de contamination interne font en outre l’objet d’analyses radiotoxicologiques et d’examens médicaux appropriés. L’Institut est chargé, dans le cadre du processus d’agrément des organismes de dosimétrie prévu par le code du travail, de veiller à la qualité des différents types de mesures de l’exposition des travailleurs.
Le bilan réalisé par l’IRSN porte sur les données fournies par les laboratoires de dosimétrie. Il présente les effectifs des travailleurs concernés par grands secteurs d’activité professionnelle, les doses collectives correspondantes et la répartition des travailleurs par classes de doses. Les secteurs d’activité professionnelle sont d’une part « l’industrie nucléaire », qui regroupe les activités exercées aux différentes étapes du cycle de l’énergie nucléaire (usines de concentration et d’enrichissement de l’uranium, centrales nucléaires, retraitement, démantèlement, déchets), d’autre part les secteurs « hors nucléaire », qui regroupent toutes les autres activités concernées par l’usage des rayonnements ionisants : applications médicales et vétérinaires, recherche et expertise, activités industrielles diverses utilisant des sources.