Tchernobyl, 30 ans après: l'IRSN fait le point sur la centrale accidentée et les impacts sur la santé et l'environnement
Trente ans après l'accident de Tchernobyl, les travaux préparatoires au démantèlement de la centrale nucléaire se poursuivent avec l’achèvement d’un nouveau sarcophage. Désormais évoquée, la reconquête de la « zone d’exclusion » autour du site apparaît toutefois difficile à réaliser. Enfin, dans les territoires contaminés d’Ukraine, de Biélorussie et de Russie, les impacts sur l’environnement et la santé restent visibles.
Il y a trente ans, le 26 avril 1986 à 1h23 du matin, le réacteur n°4 de la centrale nucléaire de Tchernobyl, en Ukraine, explose accidentellement lors de la réalisation d’un essai technique.
Mis en service en 1983, le réacteur accidenté est de type RBMK, une conception soviétique des années 1960, dont l'évaluation du niveau de sûreté réalisée après la catastrophe montrera de nombreux défauts dans la conception initiale. De plus, avant l’accident les opérateurs n’ont pas respecté toutes les règles de conduite et ont inhibé de très importants systèmes de sûreté.
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Trente ans après l'accident de Tchernobyl, les travaux préparatoires au démantèlement de la centrale se poursuivent. Fin 2017, une arche recouvrira le réacteur détruit et le sarcophage construit dans l’urgence après la catastrophe et qui s’est dégradé au fil du temps. Son étanchéité et des équipements spécifiques permettront d’entamer les opérations de démantèlement.
Outre l’ancien sarcophage et le réacteur détruit, la transformation du site nécessite également le démantèlement des trois autres réacteurs. Néanmoins, les opérations liées à ce dernier chantier sont restées parcellaires à ce jour. En corollaire, la question de la reconquête de la zone d’exclusion est désormais évoquée.
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A la suite de l’accident du réacteur n°4, la dispersion de portions du réacteur détruit, la contamination des sols et des forêts et l’abandon des villages environnants ont obligé à engager des travaux de décontamination.
Environ 90% des déchets de décontamination ukrainiens ont été volontairement localisés dans la zone d’exclusion dans des modules en béton et, surtout, dans des tranchées non-étanches. Dans les deux cas, les installations ont été construites dans l’urgence et sans étude de sûreté préalable. En outre, la traçabilité des tranchées où sont stockés les déchets de faible et moyenne activité n’a pas été assurée.
Aujourd’hui, l’impact des sites d’entreposage des déchets doit être apprécié afin de statuer entre les deux grandes options envisageables : la reprise des déchets ou le maintien de restrictions d’usage des sites qui les contiennent.
Les recherches menées par l’IRSN dans une tranchée expérimentale plaideraient en faveur d’un maintien des restrictions autour des sites d’entreposage. Et pour cause : la levée des restrictions impliquerait le retrait d’un volume considérable de déchets qu’il faudrait ensuite stocker sur un site aménagé. De plus, le retour de la végétation de manière incontrôlée et le recyclage naturel de la radioactivité pourraient conduire à de nouveaux relâchements et transferts atmosphériques en cas d’incendie de forêt.
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En Biélorussie, en Ukraine et en Russie, l’accident a provoqué de nombreux cancers de la thyroïde chez les personnes exposées âgées de moins de 18 ans au moment de la catastrophe. Aujourd’hui, l’augmentation des cancers de la thyroïde est encore observée.
Pour ce qui concerne les intervenants sur le site de la centrale de Tchernobyl, le bilan des effets aigus dus à l’irradiation a peu évolué au cours des dernières années . Aujourd’hui, la poursuite du suivi sanitaire des liquidateurs vise à surveiller l’apparition d’une augmentation de la fréquence de certains effets chroniques à long terme, tels que les cancers.
Trente ans après l’accident, il est ainsi impossible de dresser un bilan sanitaire exhaustif. Les résultats disponibles sont limités par la qualité des études épidémiologiques réalisées, la difficulté d’identifier précisément les populations exposées et les incertitudes associées aux estimations dosimétriques.
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Les impacts en France 30 ans après l’accident
L’accident de Tchernobyl a touché des zones localisées et très éparses dans l’est de la France. Il s’agit des territoires où les précipitations ont été les plus importantes dans les jours qui ont suivi l’accident en Ukraine.
Trente ans après l’accident de Tchernobyl, ces zones témoignent encore de niveaux de radioactivité supérieurs ou très supérieurs à ceux observés dans le reste de l’Hexagone. Dénommées « zones de rémanence de la radioactivité artificielle », elles sont identifiables grâce au césium 137 dans les sols.
En 2013 et 2014, l’IRSN y a réalisé de nouvelles mesures. Elles ont permis d’évaluer les doses efficaces consécutives au séjour dans les zones les plus marquées et à l’ingestion des denrées locales. En 2015, un habitant des zones les plus touchées de l’est de la France recevra une dose moyenne de 37 microsieverts par an (µSv/an) contre 5,4 µSv/an en moyenne en France. Ceci correspond à peu près à la dose reçue pour un aller simple entre Paris et la Martinique en avion.
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Télécharger le rapport - Constat Radiologique « Rémanence de la radioactivité d’origine artificielle