Etat des connaissances sur les risques potentiels associés à l'uranium appauvri utilisé dans les armes
DPHD/2001-01, 25pp Collectif
Fin 2000, diverses pathologies dont des leucémies ont été rapportées chez des militaires ayant participé à la guerre des Balkans. L’uranium appauvri des armes utilisées lors de ce conflit a été mis en cause par certains. Quelle que soit sa composition isotopique, l’uranium appauvri (UA) a le même comportement chimique et biologique dans l’organisme que l’uranium naturel. Par conséquent, l’ensemble des connaissances sur l’uranium naturel, les voies d’exposition correspondantes et les effets sur l’homme, peut être considéré pour apprécier les risques associés à l’UA. Toutefois, pour ce qui concerne l’impact dosimétrique, il convient de tenir compte de la composition isotopique réelle et de la présence d’impuretés. Au moment de l’impact d’un obus perforant sur sa cible, la voie d’exposition principale est l’inhalation et les personnes présentes sur le site peuvent inhaler de manière aiguë des particules d’uranium dispersées dans l’atmosphère. Par contre, compte tenu du caractère faiblement irradiant de l’uranium et a fortiori de l’uranium appauvri, une exposition externe significative de militaires ou de populations en relation avec l’utilisation des armes à l’UA est très peu vraisemblable. De même, par suite des processus de dilution des dépôts au sol, la consommation d’eau et d’aliments ne peut conduire qu’à une contamination interne négligeable. La toxicité de l’uranium peut avoir une origine chimique ou radiologique. L’uranium appauvri, faiblement radioactif, est avant tout un toxique chimique comme le sont la plupart des métaux lourds (cadmium, mercure, plomb,...). Les reins sont particulièrement sensibles aux effets chimiotoxiques de l’uranium. Les lésions peuvent être accompagnées d’anomalies fonctionnelles. La sévérité et la réversibilité des lésions dépendent de la concentration en uranium dans les reins. Ainsi, nos calculs montrent que l’incorporation d’UA soluble à un niveau pour lequel est observée une toxicité rénale aiguë (3 µg.g-1 de tissu rénal) correspond à une dose équivalente à la moelle osseuse de seulement 0,17 mSv en trois ans. En d’autres termes, avant qu’une personne exposée à l’UA soit atteinte de leucémie, elle devrait présenter une pathologie rénale aiguë. Concernant le risque de cancer lié à l’uranium, les seules données épidémiologiques disponibles concernent les travailleurs de l’industrie nucléaire exposés à l’uranium naturel ou enrichi. Dans la plupart des situations, les expositions à l’uranium ne sont pas isolées, mais associées à d’autres expositions radiologiques (radon et rayonnements gamma) ou chimiques. De plus, dans ces populations, l'exposition interne par inhalation ou ingestion de l'uranium a été mal quantifiée et demeure difficile à évaluer rétrospectivement. En dehors du risque évoqué de cancer induit par une exposition à l’uranium, d’autres effets sont décrits dans la littérature internationale (effets sur le système nerveux central, effets sur le système reproducteur, effets tératogènes, mutagénicité, immunotoxicité). A l’heure actuelle, seule la toxicité chimique de l’uranium au niveau du rein est formellement établie.