Le projet SENSIB (« sensibilité radioécologique»)
Objectif
L’objectif de ce projet est de construire une classification du territoire vis-à-vis de sa sensibilité à une pollution radioactive, sur la base de ses caractéristiques environnementales et anthropiques (i.e. : liée à l’usage de ces milieux par l’homme). Par exemple, la sensibilité des milieux urbains dépend de la densité de population, des surfaces et des équipements urbains et de leur réponse à une contamination ; la sensibilité des espaces agricoles est liée à la chaîne alimentaire en fonction de la contamination du sol, des cultures ou des élevages. SENSIB aboutira à la réalisation d’un outil normalisé capable de représenter et de comparer sur une même échelle de valeur la sensibilité des territoires vis-à-vis d’une pollution radioactive. Cette normalisation des caractéristiques territoriales sera utilisable pour évaluer et gérer les risques à toutes les étapes de l’exploitation d’une installation nucléaire (avant la mise en exploitation, en fonctionnement normal, en situation accidentelle et post-accidentelle, lors du démantèlement). Pour des applications concrètes, ce projet permettra d’obtenir des cartes de sensibilité, puis de vulnérabilité après prise en compte de la probabilité d’occurrence d’une pollution. La notion de « sensibilité » étant un concept partagé avec d’autres domaines que la radioécologie (vulnérabilité par rapport aux polluants chimiques, par rapport au changement climatique, par rapport à la pression anthropique), les résultats obtenus grâce au projet SENSIB seront exploitables notamment dans le domaine de la pollution chimique via des collaborations et partenariats.
Les étapes du projet
Le projet SENSIB est structuré en 5 étapes (voir schéma de l'architecture) :
- l’identification des facteurs de sensibilité, c’est-à-dire de toutes les caractéristiques territoriales susceptibles de rendre un environnement sensible à une pollution donnée,
- la caractérisation de leur gamme de valeur,
- la conversion des gammes de valeurs en gamme d’indice,
- l’évaluation du poids de chaque facteur de sensibilité à la sensibilité globale,
- le calcul de l’indice global en vue de définir une échelle de la sensibilité radioécologique.
La réalisation de ces étapes nécessite préalablement de fédérer les données radioécologiques disponibles (données de terrain, modélisation, résultats expérimentaux) et de les traiter avec une approche commune. Pour la période 2005-2008 (programme cofinancé par l’ADEME), deux types d’études sont réalisées : les études « thématiques » et les études « applicatives ».
Les études dites « thématiques » permettront de caractériser les facteurs de sensibilité en fonction de différents types de milieux (les « thèmes ») : atmosphère, sol, berges d’un cours d’eau, milieu agricole, alimentation humaine, etc (voir schéma). Pour le compartiment atmosphérique, par exemple, l'un des facteurs de sensibilité étudié sera le type de précipitations. En effet, chaque type de précipitations lessive plus ou moins les contaminants présents dans un nuage, et ce potentiel de lessivage a une influence déterminante sur l’ampleur des dépôts résultants. Les résultats de ces études constitueront les briques élémentaires nécessaires pour bâtir la méthode de classification de l’environnement en fonction de sa sensibilité à une pollution radioactive.
Les études applicatives visent à développer des méthodes et des outils d’analyse des données innovants, et à les appliquer à deux scénarios : la gestion d’un rejet consécutif à un accident et la sensibilité des sites nucléaires aux rejets chroniques des installations nucléaires. Ces études s'intéresseront principalement au compartiment atmosphérique, au sol, aux productions agricoles et au domaine fluvial. D’autres scénarios et les autres milieux pourront être étudiés après 2008.
Les projets de recherche CLARA2 et PRIME, qui ont été labellisés à l’été 2006 par le pôle de compétitivité Gestion des risques et vulnérabilité des territoires et qui sont subventionnés (voir l’annonce) sont fédérés dans le projet SENSIB. Par ailleurs, les résultats du programme EXTREME de l’IRSN alimentent les travaux de SENSIB.
Publications
Thèses et post-docs
- Thèse de Laureline Bourcier : Dépôt et lessivage des radionucléides par les précipitations. Approche expérimentale évènementielle et modélisation
- Thèse de Bénédicte Briand : Étude des facteurs naturels et anthropiques susceptibles d'augmenter ou de réduire les conséquences radiologiques d'un rejet radioactif dans l'environnement
- Thèse de Benoît Besson : Sensibilité radioécologique des zones de prairies permanentes
- Contrat postdoctoral de G Maillet (oct 2005-oct 2006) : Apport de la géomorphologie à la détermination des facteurs de sensibilité des berges SENSIB-Fluvial.