Appropriation des nouvelles technologies par les manipulateurs d'électroradiologie en radiothérapie externe
Laboratoire d'accueil : Laboratoire de recherche en sciences humaines et sociales (LSHS)
Date de début de thèse : octobre 2012
Nom de la doctorante : Sarah Carminati
Descriptif du sujet
Contexte
Depuis les premiers usages thérapeutiques des rayonnements ionisants, la radiothérapie a fait l’objet de progrès considérables dans les domaines de la technologie des appareils, des techniques de traitement et de la dosimétrie. A partir des années 90, les développements en informatique et en imagerie médicale ont concouru à améliorer la précision dosimétrique. Toutefois, dans les années 1990 et 2000, le renouvellement des équipements était faible en France et les techniques innovantes (imagerie embarquée, synchronisation respiratoire, positionnement automatique de la table d’irradiation…) étaient encore peu diffusées. Le plan cancer (2003-2007) a permis notamment d’accroître le parc d’appareils de diagnostic et de suivi des cancers, de rénover le parc d’appareils en radiothérapie et de développer l’accès aux technologies innovantes. L’objectif de ces évolutions est d’améliorer la précision des traitements pour tendre vers plus d’efficacité sur les tissus cibles et vers une meilleure préservation des tissus sains.
Objectif
La recherche menée dans le cadre de cette thèse aura pour objectif d’identifier l’impact des nouvelles techniques (IMRT, radiothérapie conformationnelle) et technologies (équipements et logiciels) sur l’activité des professionnels, et les effets que peut avoir l’évolution des leurs pratiques sur la sécurité des traitements.
Il s’agira plus particulièrement d’identifier :
- les risques liés à la mise en place et à l’utilisation des nouvelles technologies et des nouvelles techniques (par exemple, le report systématique des données d’une séance à l’autre rendu possible grâce à l’informatisation engendre le risque qu’une donnée erronée rentrée initialement dans le logiciel se retrouve tout au long du traitement) ;
- l’informatisation a permis le report systématique des données d’une séance à l’autre ; ainsi, il est possible d’injecter initialement une donnée erronée qui se retrouvera tout au long du traitement ;
- les différentes stratégies et régulations développées par les utilisateurs pour faire face à ces risques et maîtriser les nouvelles technologies et techniques ;
- les conditions organisationnelles permettant de favoriser la maîtrise des nouvelles technologies et des nouvelles techniques.
Méthodologie envisagée
La recherche sera menée sur au moins deux types d’équipements différents, un équipement classique, largement utilisé (accélérateurs de particules) et un équipement innovant (type CyberKnife ou Tomothérapie). Deux à trois centres de radiothérapie feront partie du panel d’étude et nous nous intéresserons à tous les acteurs de la chaîne de traitement. Il s’agira d’analyser les impacts des évolutions technologiques sur les activités de ces utilisateurs et notamment le développement d’effets de type « boîte noire ». Cette recherche pourra porter plus particulièrement sur les modifications des activités des professionnels à différentes étapes-clés du traitement, notamment à la préparation des traitements, au passage de la conception virtuelle du traitement à sa réalisation, lors des contrôles, lors de la supervision des écrans, au positionnement du patient, lors des échanges d’informations, etc. Elle pourra également s’intéresser au changement organisationnel et aux processus d’appropriation d’une nouvelle technologie par les professionnels de santé grâce à l’étude de situations de travail avant, pendant et après la mise en place d’une telle technologie.
Cette recherche prendra en compte l’expérience des professionnels (manière novice / experte d’appréhender un traitement et d’utiliser les équipements) et identifiera l’évolution des compétences des professionnels de la radiothérapie (acquisition de connaissances, pertes de compétences).
Ainsi, l’analyse visera à développer et articuler des notions théoriques de l’ergonomie (modèle de la situation de travail, analyse de l’activité), de la psychologie cognitive (processus cognitifs mis en jeu, représentations mobilisées au cours de l’activité) et de la sociologie des organisations (modes de gouvernance, répartition des fonctions, coordination d’activités organisées).