Démarrage de l'EPR de Flamanville : une nouvelle étape franchie

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05/09/2024

Les experts de l’IRSN ont été mobilisés jusqu’à la dernière minute pour analyser le résultat des derniers essais de démarrage préalables à la divergence. Le 2 septembre 2024, l’ASN a autorisé l’engagement de la première divergence du cœur du réacteur EPR de Flamanville. Après le chargement du réacteur, autorisé par l’ASN en mai 2024, l’EPR franchit ainsi une nouvelle étape. L'IRSN reste mobilisé pour suivre toutes les étapes du démarrage du réacteur jusqu'à sa pleine puissance.

EPR de Flamanville

La centrale nucléaire de Flamanville, dans la Manche.

Cette autorisation se fonde notamment sur l’expertise des essais de démarrage réalisés depuis le chargement du réacteur, en particulier les essais dits "précritiques à froid et à chaud". Lors de ces essais, EDF a notamment vérifié :

  • le comportement mécanique de l’instrumentation Aéroball*,
  • le fonctionnement des mécanismes de commande des grappes,
  • le temps de chute de grappes à froid et à chaud,
  • le débit primaire à froid et à chaud,
  • l’efficacité du refroidissement automatique par le système de décharge à l’atmosphère (VDA).

L’analyse des résultats des essais a mobilisé de nombreux experts de l’IRSN, jusqu’à la veille de la décision de l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) , et fait l’objet d’avis de l’IRSN.

Voir les avis et rapports de l’IRSN sur l’EPR de Flamanville

* Les aeroballs constituent la mesure neutronique de référence utilisée pour le calibrage des chaînes de surveillance et de protection du cœur.

Avec la divergence, EDF rentre dans une nouvelle phase des essais opérationnels

La divergence du réacteur qui correspond à l’atteinte de l’état critique du cœur, permettant l’initiation des réactions en chaîne de fission, a été atteinte le 3 septembre 2024 dans l’après-midi. Pour ce faire, EDF a tout d’abord procédé à la levée des grappes absorbantes qui permettent le contrôle de la puissance et l’arrêt du réacteur. Cette opération est réalisée alors que la concentration en Bore dans le cœur est telle que la réaction nucléaire ne peut démarrer même toutes barres extraites. EDF a ensuite abaissé progressivement cette concentration jusqu’à l’atteinte de l’état critique du cœur puis stabilise la puissance en dessous de 1% PN (puissance nominale).

EPR - Essais de démarrage : les principales phases

Essais de démarrage : les principales phases

Pour mémoire, les essais de démarrage se divisent en 2 grandes phases :

  • les essais pré-opérationnels (phase I et II) comprenant l’ensemble des épreuves, des suivis, des mises au point, des réglages et essais fonctionnels nécessaires pour garantir que la mise en service du réacteur, qui correspond au chargement du premier cœur, peut être menée en toute sûreté ;
  • les essais opérationnels (phase III) exécutés dans les conditions réelles d’exploitation, après mise en service du réacteur, pour garantir que la première criticité et les essais à faible puissance et au-delà peuvent être menés en toute sûreté.

À court terme, à la suite de la divergence, EDF procèdera à des essais à basse puissance (moins de 1% PN) afin de vérifier la conformité du cœur par rapport aux calculs de conception et de calibrer les différentes chaînes de mesure neutronique participant à la surveillance et à la protection du cœur. La puissance du réacteur sera ensuite augmentée par paliers (10, 25, 60, 80 et enfin 100 % PN).

La décision ASN autorisant la mise en service de l’EPR stipule que l’augmentation de la puissance au-delà de 25% PN et de 80% PN est soumise à autorisation. Lors des paliers réalisés à partir de 25% PN, EDF procèdera notamment au 1er couplage de la turbine, ainsi qu’à des essais de comportement de l’installation lors de transitoires de perte de sources électriques, de déclenchement de la turbine ou d’ilotage**.

Les experts de l’IRSN restent mobilisés pour analyser le résultat des essais qui seront menés. En particulier, l’IRSN rendra un avis sur les essais permettant de vérifier la conformité du cœur en vue l’autorisation d’augmenter la puissance du réacteur au-delà de 25% PN. Les experts de l'IRSN seront également sollicités pour examiner les aléas qui pourraient survenir au cours de cette phase, comme l'arrêt automatique du réacteur survenu hier, mercredi 4 septembre.

** L’ilotage de l’installation intervient à la suite d’une ouverture intempestive du disjoncteur de la ligne d’évacuation de l’énergie électrique. Dans ce cas, la puissance du réacteur s’abaisse automatiquement jusqu’à atteindre le niveau nécessaire à l’alimentation de ses propres équipements.

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