L’IRSN propose que l’étude sur les conséquences du nuage de Tchernobyl sur les populations de Corse soit discutée à l’international
Jacques Repussard, directeur général de l’IRSN, a participé le 15 octobre 2013 à un colloque destiné à présenter et discuter les résultats d’une vaste étude sur les conséquences sanitaires des retombées radioactives de Tchernobyl en Corse initiée par le Conseil exécutif de Corse.
L’étude conduite par le professeur Paolo Cremonesi (hôpital Galliera de Gênes en Italie) a cherché à mettre en évidence une association entre la fréquence d’un ensemble de pathologies thyroïdiennes et le passage en mai 1986 du nuage radioactif lié à l’accident de Tchernoby.
Une étude qui arrive après d’autres travaux
L’étude italienne repose d’une part sur les données, issues de plus de 5 000 cas de pathologies thyroïdiennes, collectées par un médecin endocrinologue de Corse sur une longue période, s’étendant de 1983 à 2006, et d’autre part sur des données hospitalières concernant plusieurs pays européens.
Au cours de ce colloque, l’IRSN a rappelé les travaux conduits pour reconstituer l’impact radiologique du « nuage de Tchernobyl » sur le territoire national, et a fait part de son analyse de l’étude italienne.
L’IRSN a rappelé que la Corse était, avec quelques autres départements du sud-est de la France, le territoire le plus touché par les dépôts d’iode et de césium radioactifs, notamment en raison des fortes pluies qui ont lessivé l’atmosphère au moment du passage des masses d’air contaminées.
Un lien de cause à effet non prouvé
L’IRSN observe que, parmi les pathologies recensées, l’étude italienne ne met pas en évidence d’accroissement du nombre de cas de cancers de la thyroïde dans la population des enfants exposés, population qui est la plus radio-sensible, contrairement à ce qui a été observé dans les régions proches de Tchernobyl. Ceci est en cohérence avec les conclusions auxquelles l’IRSN était parvenu en 2006. Pour rappel, ces pathologies sont très rares chez les enfants, de l’ordre de un cas par an pour cent mille enfants en France, ce qui relativise la portée des analyses faites sur des effectifs réduits.
L’IRSN observe que l'association avancée par l’étude italienne pour les autres pathologies thyroïdiennes, plus fréquentes dans l’ensemble de la population et dont la prévalence croît généralement avec l’âge, n’a jusqu’ici pas été rapportée dans les publications scientifiques se rapportant soit aux territoires fortement contaminés proches de Tchernobyl, soit aux autres pays européens au moins autant touchés que l’est de la France et la Corse.
En examinant l’ensemble des documents publiquement disponibles relatifs à l’étude italienne, l’IRSN a identifié plusieurs limites méthodologiques de nature à impacter fortement les conclusions de cette étude.
Vers un approfondissement dans un contexte international
Une conclusion importante du colloque a été d’inviter à un approfondissement, dans un cadre international, de l’analyse scientifique des données et de la méthodologie mises en œuvre dans l’étude italienne.
En savoir plus :
- Télécharger la note de l’IRSN « Conséquences sanitaires des retombées de l’accident de Tchernobyl en Corse : vers la fin d’une controverse française ? » (pdf, 27 ko)
- Télécharger la présentation de Jacques Repussard, directeur général de l'IRSN au colloque du 15 octobre 2013 « Les conséquences sanitaires de Tchernobyl en Corse : la fin d’une controverse française ? » (pdf, 640 ko)