La prise en compte des feux de forêts pour les installations nucléaires
Il existe deux grands types d’installations nucléaires :
- les centrales de production d’électricité : Une centrale nucléaire fonctionne comme une centrale thermique : elle produit de l’électricité à partir d’un combustible fournissant de la chaleur. Dans les centrales nucléaires, c’est l’énergie libérée par la réaction de fission des atomes du combustible nucléaire qui transforme l’eau en vapeur. Cette vapeur entraine un groupe turbo-alternateur produisant ainsi de l’électricité.
- les autres installations nucléaires : Il s’agit d’installations où l’on trouve des matières radioactives mais pas de réacteurs de production d’électricité. Ces installations peuvent être des usines de fabrication de combustibles nucléaires pour les réacteurs, des usines de fabrication d’armes nucléaires, des installations de retraitement des combustibles usés ou de traitement de déchets solides ou liquides, des laboratoires de recherche ou encore des sites de stockage de déchets.
Les installations nucléaires françaises face aux feux de forêts
Au stade de leur conception, les installations nucléaires françaises font l’objet d’un examen de leur protection vis-à-vis des risques dits « d’agressions externes » : risques naturels, risques industriels, chutes d’avion… Cet examen permet de déterminer les mesures de protection (mesures de prévention et d’intervention) à mettre en place au niveau de l’installation. La protection contre les « feux de forêts » est incluse dans cette démarche.
Les dispositions de protection contre les risques dans les installations nucléaires visent à les prévenir et à en limiter les conséquences afin d’assurer la sécurité des personnes, de maintenir l’installation dans un état sûr et de limiter les dégradations de matériels.
Les risques associés aux feux de forêts concernent tout d’abord le rayonnement thermique. En effet, la chaleur à proximité du feu est telle qu’elle peut provoquer l’embrasement de matériels ou nuire au fonctionnement des équipements.
Dans une installation, les risques concernent donc l’impact que ce rayonnement thermique peut avoir sur :
- les bâtiments abritant des matériels importants pour la sûreté
- les bâtiments contenant des produits inflammables (fioul, diesel par exemple)
- les accès physiques à l’installation
- les lignes électriques d’alimentation en énergie (ligne à haute tension).
Les autres risques concernent :
- la toxicité des fumées produites par l’incendie, qui rend l’air irrespirable
- les risques liés aux dépôts des cendres : le nuage de cendres contient des particules assez épaisses qui peuvent boucher les filtres d’aération de l’installation, se déposer sur les isolateurs électriques ou les échangeurs thermiques.
En France, les mesures de protection prises comprennent essentiellement la mise en place de zones de sécurité autour des sites (mise en place de coupe-feux, élagage, débroussaillage, déboisement…) afin d’écarter l’incendie de l’installation et de conserver la disponibilité des lignes électriques, ainsi que les accès aux sites (routes…). Elles sont également complétées par une capacité d’intervention rapide sur site avec des moyens adaptés de lutte contre le feu, en coordination avec les pouvoirs publics locaux.
D’autre part, les dispositions d’exploitation des installations nucléaires permettent de faire face aux effets des fumées et cendres par le fonctionnement en circuit fermé des ventilations, par la redondance de certains systèmes de filtres, et par l’utilisation éventuelle d’appareils respiratoires autonomes par le personnel exploitant l’installation.
S’agissant des centrales nucléaires de production d’électricité, dans le cadre des 3èmes visites décennales des réacteurs à eau sous pression d’EDF, l’examen des risques liés aux feux de forêts n’a pas mis en évidence la nécessité de mesures supplémentaires.
Dans les installations autres que les centrales nucléaires, les feux de forêts sont susceptibles d’affecter plus particulièrement les circuits de ventilation assurant le confinement des matières radioactives ; une attention plus particulière est donc portée à ces systèmes, via la protection des filtres et la mise en œuvre de « clapets d’isolation ».
Les installations concernées par les incendies en Russie
Au regard des informations disponibles à ce jour, il n’y aurait pas de centrales nucléaires menacées par les feux de forêts.
Les menaces portent sur le centre nucléaire de Sarov (à 500 km à l’est de Moscou), et sur le site de Snejinsk (dans l’Oural, à 1500 km à l'est de Moscou) et sur celui de Mayak (à 40 km de Snejinsk). Les deux premiers sites sont des centres de recherche militaire, le troisième est un centre de retraitement et de stockage de déchets nucléaires. Un incendie qui ne serait pas maitrisé dans ces centres pourrait être à l’origine d’une perte de confinement de produits radioactifs et de rejets dans l’environnement local.
Lire nos actualités précédentes concernant les incendies de forêts en Russie :
- 06-08-2010 : Incendies de forêts en Russie : très faible risque de contamination pour la France
- 05-08-2010 : Incendies de forêts en Russie
- 05-08-2010 : Fiche d’information Incendies de forêts dans les pays de l’Est : mesures de la contamination de l’air par l’IRSN