Ukraine : Point sur les risques concernant les installations nucléaires ukrainiennes
Compte-tenu de la situation en Ukraine, l'IRSN a activé son organisation de crise depuis le 25 février 2022 à 12h19. La note d'informations publiée ce jour fait un point de situation sur les risques concernant les installations nucléaires en Ukraine.
Situation au 7 mars 2022
L’invasion de l’Ukraine par les troupes russes implique une vigilance importante sur les installations nucléaires.
L’Ukraine compte 15 réacteurs de conception russe – VVER – en exploitation, des réacteurs de recherche, des sites d’entreposage et de stockage de sources et de déchets, ainsi que les réacteurs du site de Tchernobyl, dont le dernier a été arrêté en décembre 2000, et les différentes installations nécessaires à la gestion du site accidenté.
Le risque majeur en termes de rejets radioactifs concerne les réacteurs électrogènes en exploitation ainsi que les piscines de désactivation [1] de combustibles usés. Les réacteurs de 1000 MWe [2] sont dotés d’enceintes de confinement en béton. Pour ces installations, les piscines de désactivation sont situées à l’intérieur de l’enceinte de confinement.
Selon les informations dont dispose l’Institut, l’incendie qui est survenu dans la nuit du 3 au 4 mars 2022 sur le site de la centrale de Zaporizhzhya n’a pas conduit à une dégradation de la sûreté des réacteurs. SNRIU a confirmé à l’Institut lors de contacts dans la matinée du 4 mars, que l’alimentation électrique de la centrale n’avait pas été endommagée par l’incendie. Cette alimentation est nécessaire pour maintenir en état sûr les installations, qu’elles soient en production ou à l’arrêt. À cet égard, la sûreté des centrales ukrainiennes a été notablement renforcée à la suite de l’accident de la centrale de Fukushima Daiichi. Les centrales sont équipées de sources électriques de secours (4 groupes électrogènes par réacteur, dont un est bunkerisé), et d’équipements mobiles qui peuvent être connectés au réacteur affecté. Les stocks de carburant alimentant les diesels permettent d’assurer le refroidissement pendant sept à dix jours, délai au-delà duquel un ravitaillement devient nécessaire.
Il a par ailleurs été fait état d’un endommagement de l’enceinte de confinement du réacteur n°1, à l’arrêt avant le début du conflit. Cette information n’a pas été confirmée, les tirs ont plus vraisemblablement endommagé une passerelle à proximité du bâtiment. Concernant l’état de fonctionnement de la centrale, l’autorité de sûreté nucléaire ukrainienne (SNRIU) indique que deux réacteurs sur les six que comprend la centrale sont en service.
Concernant les réseaux de surveillance de la radioactivité dans l’environnement, le réseau national ukrainien est opérant, à l’exception de quelques balises. Sur la base des informations recueillies par l’AIEA auprès de SNRIU et des données transmises par le réseau de mesures, il n’a pas été observé d’élévation de la radioactivité suite à l’incendie survenu dans la nuit. L’absence d’un rejet radioactif est par ailleurs confirmée par les réseaux de surveillance des pays limitrophes à l’Ukraine qui ne montrent pas d’élévation anormale.
Notes :
1- La piscine de désactivation contient des assemblages combustibles utilisés dans le coeur du réacteur. Ils sont entreposés piscine quelques années avant d’être transportés vers d’autres piscines.
2- C’est-à-dire tous les réacteurs ukrainiens à l’exception de ceux de Rovno 1 et 2, dont la puissance est de 400 MWe.
Consultez nos informations précédentes :
- 25/02/2022 : Situation des installations nucléaires en Ukraine