Bioaccumulation du sélénium et effets biologiques induits chez le bivalve filtreur Corbicula fluminea. Prise en compte de l'activité ventilatoire, de la spéciation du sélénium et de la voie de contamination.
Elodie FOURNIER. Thèse de doctorat de l'Université de Bordeaux 1 spécialité écotoxicologie, 276p, soutenue le 10 octobre 2005.
Le sélénium est un micronutriment essentiel pour la majorité des organismes vivants. Cependant, des effets toxiques du sélénium dans de nombreux écosystèmes ont été rapportés dans la littérature. La compréhension de cette toxicité est rendue difficile par la complexité des degrés d’oxydation du sélénium dans l’environnement.
Le but de ce travail de thèse était d’acquérir des connaissances sur les facteurs physiologiques et environnementaux impliqués dans les processus de bioaccumulation et de toxicité du sélénium chez le bivalve filtreur C. fluminea.
Les objectifs étaient :
i) de définir quels étaient les facteurs impliqués dans les processus de bioaccumulation du sélénium chez le bivalve ;
ii) de caractériser la bioaccumulation du sélénium à différents niveaux d’organisation biologique ;
iii) d’appréhender les effets toxiques du sélénium.
Les premières expériences menées à court terme (3 jours), ont permis de souligner l’importance de la spéciation chimique du sélénium dans les processus de bioaccumulation chez C. fluminea. Il a été montré que la forme organique, sélénométhionine, était beaucoup plus biodisponible que les formes inorganiques, sélénite et séléniate. En outre, la voie de transfert est apparue déterminante dans ces processus. Les formes inorganiques ont été mieux extraites par la voie trophique, tandis que la SeMet a été mieux extraite par la voie directe. Dans nos conditions expérimentales, la ventilation du bivalve n’a pas été un facteur limitant pour la bioaccumulation du sélénium par la voie directe, mais elle l’a été pour la bioaccumulation du sélénium par la voie trophique. La ventilation du bivalve a largement été affectée par la présence de sélénite et de SeMet dissous. Nous avons montré que les cinétiques de bioaccumulation de la SeMet étaient beaucoup rapides que celles du sélénite. En outre, apporté sous forme de SeMet, le sélénium internalisé est apparu relativement rémanent dans le corps mou de C. fluminea par rapport au Se apporté sous forme de sélénite. Les répartitions subcellulaires et moléculaires de ces formes ont été très différentes.
Enfin, il a été montré que la SeMet et le sélénite pouvaient engendrer de faibles altérations du statut anti-oxydant et de l’expression génétique chez C. fluminea. En revanche, d’importantes modifications de l’ultrastructure du tissu branchial ont été observées après exposition au sélénite et à la SeMet.
Mots clés : bivalve, apport trophique, sélénium, spéciation, bioaccumulation, ventilation, toxicité