Séminaire Anccli – IRSN « Fukushima, Tchernobyl : conséquences d’un accident nucléaire sur la santé » 2021
Le séminaire
Trois ans après le séminaire intitulé « Radioactivité et santé : où en sommes-nous ? », l’Anccli et l’IRSN ont souhaité, comme ils s’y étaient engagés, réunir à nouveau les différentes parties prenantes, notamment les membres des Commissions locales d’information, les associations et les acteurs de la société civile. L’objectif de ce séminaire de 2021 est de poursuivre les échanges sur la thématique particulière des effets sur la santé des accidents nucléaires et de partager des connaissances sur ce sujet lors de deux rencontres complémentaires :
- Le 8 avril 2021 en visio-conférence
- Les 30 septembre et 1er octobre 2021 en visio-conférence
Pour consulter le programme détaillé.
Les présentations et les vidéos :
- Le 8 avril 2021
Introduction
Les accidents majeurs de Fukushima et Tchernobyl (support PDF), C. Pineau – Anccli
Surveillance sanitaire de la population et des travailleurs après l’accident de Fukushima (support PDF), E. Clero-IRSN
Conclusion
- Le 30 septembre et 1er octobre 2021
1 – Bilan des études épidémiologiques des faibles doses - K. LEURAUD (IRSN)
« Au cours des dix dernières années, la connaissance des risques sanitaires dus à l’exposition à de faibles doses de rayonnements s’est fortement renforcée, grâce au suivi épidémiologique de populations exposées dans différents contextes (professionnel, médical ou environnemental). Les cohortes de survivants des bombardements atomiques d’Hiroshima et de Nagasaki, de travailleurs de l’industrie nucléaire et de patients nous informent notamment sur les risques de cancers après des expositions aux faibles doses. Grâce à l’amélioration des protocoles et de la reconstitution dosimétrique et au suivi sur parfois plusieurs dizaines d’années de ces populations, les conclusions sont plus robustes et confirment une augmentation du risque de cancer pour des doses de l’ordre de plusieurs dizaines de milliSievert, risque qui reste faible pour des doses faibles. Il reste néanmoins de nombreux champs de connaissances à améliorer, comme les effets des contaminations internes et des cocktails d’expositions »
L'IRSN a mis en place en 2005 le programme EPICE (Evaluation des pathologies potentiellement induites par une contamination chronique au césium) en vue de recueillir d’une part, des informations scientifiques quant aux effets non cancéreux induits par des expositions chroniques à des faibles doses de rayonnements ionisants et d’autre part, de répondre à une question sociétale relative aux conséquences sanitaires de l’accident nucléaire de Tchernobyl au sein d’une population sensible (enfants).
Les effets héritables des expositions à fortes doses de rayonnements ionisants ont été mis en évidence chez la drosophile par Joseph Muller dès le début du 20ème siècle et depuis, de nombreuses études expérimentales ont pu corroborer cette découverte. Or, d’un point de vue sociétal, aucune étude épidémiologique menée sur des cohortes de populations exposées aux rayonnements ionisants dans le cadre de radiothérapies, de bombardements ou d’accidents nucléaires n’a pu mettre clairement en évidence de tels effets.
D’un point de vue scientifique, les connaissances sur l’origine génétique de certaines maladies et sur l’implication multifactorielle des mécanismes épigénétiques engagés dans la gamme des faibles doses sont encore insuffisantes pour prédire un risque de vulnérabilités à l’échelle des populations. Toutefois, malgré ce manque de preuves à l’échelle humaine, le système de radioprotection a choisi d’intégrer la possibilité d’effets héritables dans son calcul du détriment radiologique et ces dernières décennies, un programme de collaborations scientifiques internationales a mis l’accent sur l’observation et la compréhension des mécanismes moléculaires qui pourraient être à l’origine d’effets indésirables transmissibles ou de vulnérabilités pouvant conduire au développement tardif de maladies chroniques. Ces études, menées à partir de différents modèles expérimentaux in vivo /in vitro/in silico, profitent d’outils innovants qui usent d’une extrême sensibilité d’analyse. Elles s’organisent suivant un protocole commun d’intégration des données produites initié en 2012 par l’OCDE (AOP), pour à terme décrire les mécanismes biologiques qui peuvent être à l’origine d’effets adverses (maladies). L’ensemble de ces travaux devrait fournir des indicateurs biologiques de risques utilisables et nécessaires pour accroitre la puissance des études épidémiologiques menées dans le domaine des effets des expositions environnementales.
En l’absence de mesures de protection adaptées, l’exposition des populations aux iodes radioactifs peut être responsable de l’apparition de cancers de la thyroïde. De ce fait, la stratégie de protection de la population en cas de menace ou de rejet radioactif vise à limiter son exposition à un niveau aussi faible que possible. En phase d’urgence, cette stratégie repose sur trois mesures principales : l’évacuation, la mise à l’abri et la prise unique d’iode stable. En France, elle est décidée sous l’autorité du préfet. Jusqu’à ce jour, aucune recommandation ne permettait de délivrer l’iode stable pour couvrir une exposition des populations à des rejets répétés d’iodes radioactifs. Un programme de recherche mené conjointement par 2 Universités, l’IRSN, le CEA, et la Pharmacie Centrale des Armées a produit un corpus de résultats scientifiques ayant d’ores conduit à une première modification de l’AMM du KI (iode stable) pour des prises répétées jusqu’à 7 jours.
La présentation rappellera brièvement la problématique de l’estimation du risque de développer un cancer suite à une exposition à de faibles doses de radiations ionisantes à la thyroïde pendant l’enfance (inférieur à 50mGray), et présentera la stratégie développée au CEA pour identifier un cancer de la thyroïde en fonction de l’étiologie (radio-induit vs spontané).
6 – Health Issues after Fukushima Daiichi nuclear accident and its management (version anglaise)
Version française de la présentation.
M. TSUBOKURA (Department of Radiation Health Management Fukushima Medical University School of Medicine)
The effects on local residents associated with radiation disasters are not limited to those solely caused by radiation exposure. While evacuation can reduce exposure doses, it has been reported to cause lifestyle changes, stress, and post-traumatic stress disorder, and effects associated with changes in the living environment, such as worsening of lifestyle-related diseases and depression.
7 - Fukushima, retour sur les territoires contaminés - J. VANDE PUTTE (Greenpeace)
Jan Vande Putte is a member of the Greenpeace Radiation Protection Advisors group. He has been responsible for the coordination of the Greenpeace radiation surveys at Fukushima since March 2011. He has a degree of radiation protection at the University of Utrecht, Netherlands.
Le projet européen SHAMISEN (Nuclear Emergency Situations, Improvement of Medical And Health Surveillance) a été réalisé en 2015-2017, dans le cadre du programme européen OPERRA (Open Project for the European Radiation Research Area). Il avait pour objectif d’élaborer des recommandations sur la surveillance médicale et sanitaire des populations touchées par des accidents antérieurs et futurs, sur la base des leçons tirées de l’expérience des populations impactées par les accidents de Tchernobyl et Fukushima.
Le vécu des habitants à la suite des accidents de Tchernobyl et de Fukushima constitue aussi un enseignement et nous a conduits à élaborer des fiches pratiques pour accompagner un quotidien devenu différent en situation post-accidentelle.
C'est un travail multi-acteurs où l'objectif de "donner des informations concrètes s'appuyant sur les recommandations de la doctrine post-accidentelle et répondre aux inquiétudes des habitants" s'est nourri des complémentarités des participants.
Comment sortir d’une situation de tensions entre citoyens et acteurs ?
Exemple de REPONSES, une démarche inédite de concertation centrée sur les réponses aux attentes et aux préoccupations des citoyens du pourtour de l’étang de Berre. Cette démarche collégiale d’envergure a permis de co-construire un plan d’actions concrètes autour de la pollution de l’air. Reconnue par l’ensemble des parties prenantes -dont la population- et récompensée par un jury d’expert, cette démarche a depuis, été pérennisée sous forme de dispositif.
Living Labs et autres approches participatives appliqués à la recherche sur les multiexpositions environnementales et les risques chroniques.