Anticipation et résilience : réflexions dix ans après l’accident de Fukushima Daiichi
L'évolution des objectifs, approches, méthodes d'analyse et critères d'appréciation en matière de sûreté nucléaire témoignent de la volonté permanente de recherche d'améliorations dans ce domaine.
Si d'importants progrès ont été réalisés ces cinquante dernières années afin d'accroître la robustesse des installations nucléaires dès leur conception et tout au long de leur phase d'exploitation, la survenue d'événements aux conséquences potentiellement graves ne saurait être totalement écartée. Dès lors, il est nécessaire de réfléchir à la meilleure façon de faire face à ce qu'on appelle le « risque résiduel » en s'interrogeant sur la capacité des acteurs nucléaires d'une part à prévenir un accident majeur et d'autre part à y répondre s'il survenait en dépit des mesures préventives mises en œuvre.
À cet égard, le retour d'expérience de l'accident de Fukushima Daiichi et les recherches réalisées depuis dans le domaine des sciences humaines et sociales soulignent l'importance de considérer les hommes et les organisations comme parties prenantes des parades déployées dans les installations. Le bilan dressé par l'IRSN montre également que la gestion post-accidentelle, dans l'ensemble de ces dimensions, y compris politiques et sociétales, rend nécessaire le déploiement d'approches systémiques susceptibles de conduire à une évolution des principes retenus jusqu'à présent.
Destiné à tous ceux que les questions de sûreté nucléaire, et plus généralement de gestion des risques, intéressent, ce rapport de l'IRSN invite à s'interroger sur les pratiques en vigueur dans ces domaines, sur la manière dont les acteurs contribuent à la maîtrise des risques des installations nucléaires, sur la nécessité de développer d'autres approches, pour mieux apprécier les risques, tant dans le cadre du fonctionnement normal des installations qu'en situation d'accident.
Mieux évaluer pour prévenir l'accident nucléaire, mieux se préparer pour y faire face s'il survient, ce qui ne peut être exclu : il est de la responsabilité des experts, au rang desquels l'IRSN, de poursuivre les réflexions, d'améliorer les connaissances, de développer de nouvelles approches, plus systémiques. Il s'agit de permettre aux décideurs de prendre des décisions « éclairées » au regard des enjeux de protection des personnes et de l'environnement et de sûreté des installations.