Flux de radioactivité exportés par le Rhône en Méditerranée en 2008 - Station Observatoire du Rhône en Arles (SORA)
En 2008, six radionucléides supplémentaires ont été analysés dans les échantillons collectés par la station SORA : tritium, strontium 90, plutonium 238, 239+240 et américium 241. Ainsi, avec les radionucléides émetteurs gamma dont les analyses se sont poursuivies, des bilans de flux ont pu pour la première fois être réalisés pour les dix principaux radionucléides artificiels qui transitent dans le Rhône (14C excepté).
Le flux le plus important est celui du tritium libre, 293 ± 48 TBq pour cette année 2008. Cette valeur est largement supérieure au radionucléide naturel le plus abondant : le 40K (flux de 6,7 ± 0,7 TBq). Le tritium provient principalement des rejets des installations nucléaires rhodaniennes. Viennent ensuite mais avec des niveaux 3000 fois inférieurs, le 90Sr et le 137Cs (environ 100 GBq) puis le 60Co, 125Sb et 54Mn à des niveaux plus faibles (de 5 à 10 GBq). Les flux d’actinides (isotopes du plutonium et 241Am) sont les plus faibles (0,3 à 1 GBq).
L’année 2008 a été caractérisée par un export de matières en suspension important (9,1 106 tonnes), notamment durant les crues et lâchers de barrage des mois de mai et décembre. Il en résulte des flux annuels parmi les plus élevés mesurés sur la dernière décennie pour les radionucléides artificiels présents dans les sols et sédiments du bassin versant, du fait des retombées atmosphériques globales anciennes (cas du 137Cs, des actinides).
Pour les radionucléides artificiels issus des rejets de l’industrie nucléaire (60Co, 125Sb notamment), les bilans entre rejets et flux annuels estimés en Arles tendent à démontrer que leur export vers la Méditerranée est très rapide.
Notons enfin que les limites métrologiques, les incertitudes statistiques et/ou la méconnaissance des incertitudes sur les données de rejets sont à l’origine de bilans non équilibrés pour 54Mn et 110mAg. Pour le tritium, ces limites ne suffisent pas à expliquer l’excédent calculé en Arles et des recherches complémentaires vont être initiées pour étayer les hypothèses formulées dans le présent rapport.