Savoir et comprendre

Les dispositions de protection de la population en cas d'accident

15/02/2024

En cas d'accident nucléaire ou radiologique, les pouvoirs publics peuvent mettre en place des actions de protection de la population pour réduire le plus possible l'exposition de celle-ci à de potentiels rejets radioactifs. Ces dispositions sont prises au regard des doses prévisionnelles auxquelles les personnes pourraient être exposées.

Ces mesures de protection sont mises en œuvre, combinées et le cas échéant engagées successivement, dans un délai et pour une durée adaptés à la situation dans le ou les secteurs géographiques potentiellement impactés. En fonction de l’évolution des prévisions d’exposition de la population, les mesures de protection peuvent être réévaluées.

La mise à l'abri

Critères d'activation

La mise à l’abri de la population doit être activée si la dose efficace corps entier qui pourrait résulter de l’exposition au rejet radioactif dépasse 10 mSv. 

L’alerte en mode réflexe est effectuée par l’exploitant, à qui le préfet a donné délégation pour déclencher l’alerte sans information préalable, dès qu’un critère d’activation est atteint. L’autorité préfectorale est ensuite informée immédiatement. Cette mesure de protection peut aussi concerner d’autres communes, sur décision du préfet après concertation avec les experts.

Les consignes de la mise à l’abri réflexe sont détaillées dans la plaquette d’information diffusée à la population par l’exploitant et dans le message diffusé par les médias conventionnés.

Modalités

Ce qu’implique la mise à l’abri pour la population :

  • rejoindre un bâtiment en dur ;
  • fermer portes et fenêtres et arrêter la ventilation ;
  • ne pas aller chercher ses enfants à l’école ;
  • ne consommer que les aliments stockés au domicile (l’eau du robinet reste consommable) ;
  • se mettre à l’écoute des médias conventionnés.

Fin de la mise à l’abri :

  • la durée de mise à l’abri doit se limiter à quelques heures.
  • la fin de la mise à l'abri est ordonnée par les mêmes moyens que ceux utilisés pour l’alerte. Elle peut être levée sans condition ou avec édiction de consignes, selon qu’il y a eu contamination de l’environnement ou non. Elle peut aussi se poursuivre par une mesure d’évacuation en cas de crise longue.

L'évacuation

Critères d'activation

L’évacuation est une intervention visant à éloigner la population d'une menace de rejet radioactif important. Elle doit être activée si la dose efficace corps entier qui pourrait résulter de l’exposition au rejet radioactif dépasse 50 mSv. Elle peut intervenir dès l’alerte initiale ou après une mise à l’abri. 

Il peut y avoir 2 types d’évacuations :

  • l’évacuation préventive, si les rejets radioactifs sont imminents mais n’ont pas commencé ;
  • l’évacuation sous rejet préconisée dans les cas où :
    • la dose efficace corps entier qui pourrait résulter de l’exposition au rejet radioactif dépasse 50 mSv ;
    • le pronostic concernant la durée du rejet est incertain ;
    • la mise à l’abri aurait une durée excessive ou serait inefficace.

Modalités

Le préfet détermine, avec l’appui des experts météorologiques et radiologiques, l’heure d’évacuation et l’emplacement des centres d’accueil et de regroupement que doivent rejoindre les personnes évacuées en fonction de leur commune ou de l’endroit où elles se trouvent. La localisation du centre d’accueil des personnes ainsi évacuées doit être déterminée de telle sorte qu’il ne sera pas nécessaire de l’évacuer du fait de l’évolution des conditions météorologiques locales pendant les rejets accidentels.

Si possible, les populations concernées sont invitées à évacuer par leurs propres moyens. Si cela n’est pas possible, des points de rassemblement sont définis dans chaque commune pour prise en charge et évacuation par les moyens mis en place par les pouvoirs publics. Les personnes dépendantes nécessitant une assistance particulière doivent se faire connaître auprès de la mairie de leur domicile. 

En cas de mise à l’abri préalable, il ne faut pas sortir de chez soi tant que la consigne d’évacuer n’est pas diffusée. 

Il ne faut pas aller récupérer ses enfants à l’école : l’évacuation des élèves se fait directement de leur lieu de scolarisation par bus vers le CARe désigné par le préfet. Dans les établissements scolaires, les élèves et le personnel se confinent avant l’arrivée des bus. 

La prise d'iode stable

Critères d'activation

La prise de comprimés d’iode stable (iodure de potassium) est décidée par le préfet lorsque la dose équivalente à la thyroïde qui pourrait résulter de l’exposition au rejet radioactif risque de dépasser 50 mSv.

Modalités

Les populations les plus sensibles aux effets de l'iode radioactif sont les femmes enceintes (risque pour le foetus) ou qui allaitent (risque pour le nouveau-né), et les enfants dont la thyroïde est encore en formation.

Pour être efficace, l'iode stable doit être ingérée uniquement lorsque la consigne en est donnée par le préfet : dans les quelques heures avant l'exposition aux rejets radioactifs et au plus tard 8 heures après. Si l'iode stable est ingérée trop tôt ou trop tard, elle perd de son efficacité.

Le comprimé d’iode n’est pas une panacée contre les effets néfastes de la radio contamination : il ne protège pas des autres éléments radioactifs (uranium, césium, strontium) qui peuvent être rejetés dans l'environnement. C’est pour cela que d’autres actions de protection, comme la mise à l’abri et l’évacuation des populations, sont nécessaires.

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Restriction de consommation et de commercialisation des denrées alimentaires

Pour limiter l’exposition des personnes à la radioactivité par ingestion de denrées alimentaires contaminées par les rejets, les autorités peuvent décider l’interdiction de consommer, de vendre ou de donner toutes denrées alimentaires produites dans la zone non protégée de la contamination.

Cette interdiction vise les catégories de denrées alimentaires, aliments pour animaux et productions agricoles suivants :

  • les productions agricoles destinées à la consommation humaine de toute nature ;
  • les denrées alimentaires issues des potagers, des vergers et des élevages familiaux privés ;
  • les produits de la chasse, de la pêche et de la cueillette ;
  • les denrées alimentaires sans protection hermétique présentes, stockées ou circulant dans la zone lors du rejet ;
  • les fourrages et les aliments du bétail.

La consommation répétée d’aliments contaminés constitue le principal risque sanitaire consécutif à un accident nucléaire. En revanche, la consommation occasionnelle ne présente pas un risque significatif pour la santé.