Savoir et comprendre
Résumé
Des dispositifs de surveillance propres à chaque pays
23/02/2013
A proximité des installations nucléaires, les réglementations des états imposent aux exploitants leurs propres dispositifs de surveillance. On distingue ainsi, d’une part, la surveillance de l’environnement exercée au voisinage des installations nucléaires, et d’autre part, la surveillance générale de l’environnement effectuée dans des sites non-influencés par ces installations.
Le déploiement de ces réseaux est aussi fondé sur un principe de mesures qui distingue :
- des réseaux de prélèvement d’échantillons suivant une fréquence régulière, mesurés a posteriori en laboratoire, qui ont pour objet de suivre l’état radiologique des différents compartiments de l’environnement (air, eau, sol et denrées alimentaires). Cette surveillance de routine est souvent accompagnée d’études spécifiques ponctuelles ;
- des réseaux de télésurveillance en continu de la radioactivité de l’air principalement, et parfois de l’eau des principaux fleuves le long desquels sont implantées des installations nucléaires. A ces réseaux est souvent associée une fonction d’alerte en cas d’élévation inhabituelle de la radioactivité mesurée.
Néanmoins, le dimensionnement de ces réseaux et les caractéristiques des dispositifs les constituant sont variables d’un pays à l’autre.
Par exemple, les réseaux d’alerte par télésurveillance du rayonnement gamma ambiant de l'air ont, dans certains pays (Allemagne, Autriche, Belgique, Finlande), une couverture dense par quadrillage ; dans d’autres pays (Portugal, Slovaquie) ces réseaux sont extrêmement ténus ou épars.Certains pays complètent ce type de réseau fixe par des balises mobiles ; c’est le cas des Etats-Unis qui disposent d’un parc de plusieurs dizaines de balises mobiles.
En Allemagne, la surveillance générale du territoire fédéral a été déployée suite à la loi sur la radioprotection de l’environnement adoptée en 1986. En effet, au lendemain de l’accident de Tchernobyl, certains pays (parfois non-nucléarisés) ont développé ou intensifié leurs programmes de surveillance de la radioactivité dans l’environnement, et notamment le contrôle des produits alimentaires d’origines animale et végétale.
Des pays européens (ex : Royaume-Uni) maintiennent encore aujourd’hui des programmes de surveillance dédiés aux conséquences de l’accident de Tchernobyl, portant sur l’analyse de la radioactivité des produits alimentaires. Néanmoins, plus de 20 ans après cet accident majeur, ces programmes tendent à diminuer en termes de nombre et de type de prélèvements et de mesures car les résultats généralement obtenus atteignent désormais, depuis plusieurs années, les limites de détection.
Dans l’Union européenne, chaque état membre est tenu, en application du traité Euratom (Chapitre III – Protection sanitaire - articles 35 et 36) d’assurer une surveillance des taux de radioactivité dans l’environnement en vue d’évaluer l’exposition de l’ensemble de la population. Les recommandations de la commission européenne ont pour objectif une harmonisation des programmes de surveillance des pays membres. Elles doivent servir de minimum de base pour l’établissement des dispositifs de surveillance, mais laissent une place importante à l’initiative de chaque pays.
Le concept principal consiste en la mise en place de deux types de réseaux distincts pour chaque milieu échantillonné. Avec d’une part un réseau dense avec des stations de prélèvements réparties sur l’ensemble du territoire et pour lesquelles des mesures de faible sensibilité sont requises, et d’autre part un réseau de stations espacées, représentatives de chaque région et chaque milieu, et pour lesquelles des mesures de haute sensibilité sont requises.
Les programmes de surveillance de la radioactivité dans l’environnement doivent comporter des mesures de débit de dose dans l’air, des mesures de concentration en radioactivité des particules en suspension dans l’air (aérosols), des eaux de surface, des eaux potables, du lait et des denrées alimentaires. L’ensemble des résultats acquis dans ce cadre est transféré chaque année par les états membres dans des bases de données communes de la commission européenne.
Cependant, l’état radiologique de l’environnement ainsi que les situations réglementaire, économique et les attentes sociétales ont changé depuis l’origine de la mise en place de ces réseaux (disparition des essais atmosphériques d’armes nucléaires, développement de programmes nucléaires civils, accident de Tchernobyl en 1986).
Ainsi, afin de rationaliser et de mieux cibler la surveillance, la plupart des pays (France, Allemagne,…) ont commencé une rénovation de l’ensemble de leurs dispositifs aussi bien de prélèvements d’échantillons dans l’environnement que d’alerte (télémesure). L’objectif de cette révision consiste à optimiser les méthodes de mesures afin d’améliorer les limites de détection et de permettre ainsi d’enregistrer, dans la mesure du possible, des variations sensibles du niveau de rayonnement ambiant ainsi que des tendances de la radioactivité environnementale à long terme.
La mutation des réseaux de surveillance français s’effectue ainsi depuis plusieurs années dans un souci de collaboration et d’échanges techniques et stratégiques avec de nombreux homologues internationaux, et en cohérence avec les travaux communautaires sur le contrôle de la radioactivité dans l’environnement qui, en imposant des exigences minimales, tendent à harmoniser les pratiques en la matière.
Carte d’implantation des réseaux de débit de dose gamma ambiant en Europe © EURDEP
Pour aller plus loin :