Savoir et comprendre

Intervention de l’IRSN et rôle des autres acteurs

21/05/2012

 

L’IRSN est déjà intervenu sur une quarantaine de sites suspects avec la mission de diagnostiquer la pollution radioactive et d'évaluer l’impact sanitaire pour la population. En concertation avec les autres acteurs publics, l’Institut participe à l’élaboration d’une solution de réhabilitation.

 

L’IRSN, en tant qu’appui technique au service de l’État, intervient régulièrement sur les terrains suspectés de pollution radioactive héritée des activités historiques. L’Institut a déjà agi sur une quarantaine de sites. Sur certains sites, comme à Pargny-sur-Saulx, la mission de l’Institut s’étale sur plus de 15 ans. Elles peuvent aussi être très ponctuelles.

 

« Pour notre seul service d’intervention et d’assistance en radioprotection (Siar), nous sommes sollicités cinq à dix fois par an pour des sols pollués, afin de vérifier si les lieux sont ou non contaminés », précise Laure Tardieu, ingénieur en radioprotection. L’IRSN recherche et cartographie les sources de contamination, évalue les risques pour les occupants ou les usagers des sites et sur l’environnement. Selon les cas, il donne son avis quant à leur mise en sécurité et leur réhabilitation.

 

Étape 1 : Diagnostic

 

Dispositif Marcassin installé sur un quad

Dispositif Marcassin installé sur un quad. Il réalise en temps réel des cartographies radiologiques d'un site contaminé (Source : Stéphanie Demongeot/IRSN)

Les experts de l’IRSN mènent une enquête documentaire et un travail de terrain pour réaliser un diagnostic de site. Cette étape va permettre de localiser précisément les sources de pollution encore présentes sur ces sites et de déterminer l’ampleur de la radiocontamination.

« Nous jouons les détectives en collectant toutes sortes d’indices », indique Roselyne Améon, spécialiste du radon à l’IRSN. « Nous récupérons tous les écrits et toutes les photos qui ont un rapport avec le site, les cahiers de laboratoires, les coupures de presse, les actes de vente pour connaître le nom des différents propriétaires et nous récoltons des témoignages auprès des populations. »

Puis, les experts vont rechercher les zones présentant un débit de dose plus élevé que la référence locale. Pour ce faire, une cartographie de débit de dose gamma est réalisée à l’aide de Socrate, une sonde reliée à un GPS. Les experts effectuent également des mesures à partir de prélèvements. À l’issue de la phase de diagnostic, la pollution est localisée et caractérisée.

 

Etape 2: Évaluation

 

À partir du niveau de contamination obtenu lors du diagnostic, il est possible d’évaluer les doses reçues par les riverains ou les usagers du site.

 

Les experts de l’Institut utilisent des profils d’individus pré-établis ou s’appuient sur les réponses à des questionnaires envoyés aux personnes concernées permettant de connaître le comportement des populations installées sur le site ou aux alentours. Le résultat de l’évaluation des expositions est analysé en référence aux valeurs réglementaires en vigueur.

 

Etape 3 : Proposition de gestion

 

Vue aérienne de l’ancien site contaminé d’Orflam-Plast, à Pargny-sur-Saulx (Marne), après réhabilitation
Vue aérienne de l’ancien site contaminé d’Orflam-Plast, à Pargny-sur-Saulx (Marne), après réhabilitation - (Air drone netcam/Andra)

Cette dernière étape est réalisée en concertation avec les autres acteurs publics. L’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) intervient ainsi pour valider les objectifs d’assainissement, fixer les règles et s’assurer de la mise en sécurité des lieux ou encore participer à l’information des citoyens et inspecte les sites en réhabilitation. L’Agence Nationale pour la gestion des Déchets RAdioactifs (Andra) établit les bilans coût-avantage pour plusieurs scénarios de dépollution.  

 

En fonction de leur expertise, l’IRSN, l’ASN et l’Andra sont appelés à donner un avis de gestion aux décideurs (collectivités territoriales ou propriétaires privés) quant aux possibilités de réhabilitation d’un site : niveau d’assainissement, possibilité de construction de logements...

 

Enfin, après discussion avec la Commission nationale des aides dans le domaine radioactif (Cnar), l’Andra entreprend ou fait réaliser les travaux retenus. La préfecture ordonne et encadre réglementairement les opérations. Elle assure le suivi en s’appuyant sur les Directions régionales de l’environnement, de l’aménagement et du logement (Dreal), pour les anciens sites industriels, et sur l’ASN pour la radioprotection.

 

Remblais contaminés à La Rochelle : l’intervention de l’IRSN

Vue aérienne du site pollué Chef de Baie, à la Rochelle
Vue aérienne du site pollué Chef de Baie, à la Rochelle (Charente-Maritime) (Source : DR) 

Gagné sur l’eau, le site de Chef de Baie, à La Rochelle, a été aménagé à l’origine avec des remblais contaminés issus de l’usine Rhodia voisine, anciennement Rhône-Poulenc. Dans le cadre de l’aménagement d’un port à sec sur le site, la Chambre de commerce et d’industrie (CCI) a fait appel à l’expertise de l’IRSN.

 

Olivier Barrieu, expert en radioprotection à l’Institut, a réalisé une cartographie de l’ensemble des terrains en surface, et en profondeur lors d’une campagne d’analyses sur une quarantaine de sondages. Une pollution radioactive au thorium au final très hétérogène a été mise en évidence.

 

La CCI a également demandé à l’IRSN de lui proposer un plan de gestion et un bilan coût-avantage. « Nous avons présenté cinq options, résume Olivier Barrieu. La première impliquait de retirer toutes les terres marquées et revenait à 10 millions d’euros. La dernière préconisait de n’ôter que les terres les plus contaminées, pour un coût estimé à 152 000 €. Elle a été retenue. » En complément, le terrain sera couvert d’une couche de 30 cm de calcaire, afin que le rayonnement en surface ne dépasse pas deux fois le bruit de fond ambiant.

 

Dans son rôle d’assistant à maîtrise d’ouvrage, l’Institut a aidé la CCI à rédiger son cahier des charges et à choisir son maître d’œuvre. Les travaux devraient démarrer à l’automne 2017. À la fin du chantier de réhabilitation, l’IRSN vérifiera que les objectifs de dépollution ont été atteints en réalisant une cartographie du terrain réhabilité.

 

Pour en savoir plus :