Savoir et comprendre

La surveillance de la Polynésie française

21/05/2012

(Dernière mise à jour : Novembre​ 2024)​

L'IRSN exerce depuis 1962 une surveillance radiologique de la Polynésie française, hors des sites d'expérimentation nucléaire de Moruroa et Fangataufa consistant à prélever régulièrement des échantillons de nature variée dans les différents milieux (atmosphérique, terrestre et marin) avec lesquels la population peut être en contact ainsi que des denrées alimentaires issues du milieu marin de pleine mer, du milieu marin lagonaire et du milieu terrestre. Depuis la fin de l’année 2020, les résultats de mesure en Polynésie française sont intégrés progressivement sur le site www.mesure-radioactivite.fr du Réseau National de Mesure (RMN) afin de les rendre accessibles au public ainsi que sur le site internet de l’Institut.

En 2021 et 2022, l’IRSN a poursuivi la surveillance radiologique des sept îles, cinq îles hautes et deux atolls, situées dans les cinq archipels de la Polynésie française qu’il suit régulièrement depuis 1998, en intégrant en supplément trois îles hautes, Moorea située dans l’archipel de la Société, Rapa et Raivavae situées dans l’archipel des Australes, ainsi que six atolls, Pukarua, Reao, Vahitahi, Vairaatea, Nukutavake-Pinaki et Hikueru situés dans l’archipel des Tuamotu.
Les échantillons prélevés de nature variée proviennent des différents milieux atmosphérique, terrestre et marin avec lesquels la population peut être en contact ainsi que de denrées alimentaires issues du milieu marin de pleine mer, du milieu marin lagonaire et du milieu terrestre. Les prélèvements d’aérosols de l’air, d’eau de mer et d’eau de pluie ont été effectués à Tahiti. Les mesures réalisées sur les prélèvements couvrent la quasi-totalité de la gamme d’éléments radioactifs artificiels susceptibles d’être décelés dans l’environnement (sols, aérosols, eaux de mer, eaux douces, denrées, etc.). Enfin, l’IRSN a réalisé des prélèvements de bénitiers, mollusques bivalves très abondants dans les lagons, dans l’atoll de Hikueru, situé dans l’Archipel des Tuamotu ainsi qu’au niveau de l’île de Raivavae, située dans l’Archipel des Australes.

 

Cette nouvelle campagne de mesures, dans la continuité de celles de ces dernières années, confirme la stabilité des niveaux de radioactivité artificielle résiduelle décelable dans l’environnement polynésien. Ils se situent à un niveau très bas et sont essentiellement attribuables au césium 137 (137Cs).

Une radioactivité artificielle très faible

Ainsi, l’exposition de la population de Polynésie française aux rayonnements ionisants est quasi-exclusivement d’origine naturelle : le rayonnement cosmique et celui provenant des radionucléides d’origine naturelle présents dans les sols et dans les denrées, principalement, le polonium 210 (210Po), le plomb 210 (210Pb), le radium 226 (226Ra) et le carbone 14 (14C) dans l’air contribuent, hors exposition médicale, à plus de 99% de l’exposition de la population. Cette exposition naturelle peut être plus élevée pour certaines populations comme les habitants d’atolls qui consomment de grandes quantités de bénitiers. Les analyses effectuées sur un grand nombre de ces mollusques montrent en effet des concentrations élevées en polonium 210 (210Po) et en plomb 210 (210 Pb), radionucléides d’origine naturelle.

Le principal radionucléide d’origine artificielle présent dans les sols et dans les denrées est le césium 137 (137Cs) ; il ne contribue que très faiblement à l’exposition des populations. Quant aux isotopes du plutonium et au strontium 90 (90Sr), ils ne participent pas ou de façon très marginale à l’exposition externe des populations et que très faiblement à l’exposition interne par ingestion d’aliments.

En 2021 et 2022, la dose efficace annuelle totale, comprenant l’exposition externe, l’exposition interne par ingestion et l’inhalation est de l’ordre de 1,4 mSv pour les adultes de Polynésie française, soit deux fois plus faible qu’en métropole, de l’ordre de 3 mSv, hors exposition médicale.

Des expositions plus élevées de quelques mSv par an peuvent apparaître avec la consommation de bénitier, pouvant s’élever à plusieurs kilogrammes par an pour certaines populations vivant principalement dans les atolls des Tuamotu. Cette exposition par ingestion est d’origine naturelle et peut être réduite en grande partie si les reins ne sont pas consommés.

 

Des retombées locales liées aux essais de Moruroa et de Fangataufa

Des échantillons de sols prélevés en 2019 et les années précédentes ont conduit à des concentrations dans les sols des îles hautes parfois supérieures à 1 Bq.kg-1 sec pour le césium 137 et pour les isotopes du plutonium. Les résultats obtenus dans ces îles ont également mis en exergue une proportion variable des retombées entre d’une part les retombées stratosphériques liés aux essais nucléaires mondiaux réalisés de 1945 à 1980, d’autre part les retombées radioactives locales liées aux essais nucléaires atmosphériques de Moruroa et de Fangataufa. Les résultats obtenus montrent que les retombées radioactives ont une composante régionale plus importante pour les îles de Raiatea et des Gambier que pour les autres îles hautes étudiées. (cf. bilan 2019-2020)

Localisation des seize îles de Polynésie française retenues dans le programme de surveillance radiologique environnementale 2021-2022
Localisation des seize îles de Polynésie française retenues dans le programme de surveillance radiologique environnementale 2021-2022

Pas d’impact de Fukushima dans les eaux de Polynésie

À la suite de l’accident de Fukushima en 2011, une surveillance radiologique renforcée de l’environnement avait été mise en place pour confirmer l’absence de contamination radiologique du milieu marin.

Les mesures réalisées, ces dix dernières années, sur l’eau de mer et sur diverses espèces de poissons pélagiques, n’ont pas montré d’impact décelable de la contamination du domaine marin polynésien des retombées de cet accident : aucune augmentation des concentrations du césium 137 n’a été observée et le césium 134 n’a jamais été décelé depuis 2011. Au vu de ces résultats, cette surveillance renforcée a été arrêtée en maintenant une surveillance de routine.

 

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* Erratum - Deux corrections ont été apportées au document dans sa version du 17/10/2024 :
- Page 37 sur la figure, « Exposition externe » était mal placé (ne s’applique qu’à « Rayonnement cosmique et tellurique »).
- Page 38, dernière phrase, l’unité est µSv/an et non mSv/an (sur la dose efficace ajoutée par les artificiels).

 

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