Savoir et comprendre
Résumé
Une surveillance pour répondre aux enjeux locaux : la Seine
20/03/2015
La puissance d’analyse des données radiologiques permet aujourd’hui de retracer une pollution radioactive aussi faible soit-elle, et de trouver les sources de radioactivité ainsi que leur origines. Des vérifications qui sont utiles pour vérifier l’incidence sanitaire des rejets suite à des accidents, y compris plusieurs décennies après les faits.
Seine : retracer un rejet accidentel
Dans la perspective d’aménagements portuaires susceptibles de remuer des polluants chimiques emprisonnés au fond de la Seine, le groupement d’intérêt public Seine-Aval a souhaité avoir un état précis des polluants qui s’y étaient accumulés au cours des dernières décennies. Comme l’analyse radiologique permet de dater les différentes couches d’une carotte sédimentaire, donc les polluants chimiques qui s’y trouvent, des experts de l’IRSN ont participé à l’analyse des pollutions historiques dans le lit de la Seine.
En cherchant à identifier les radioéléments qui, par leur présence, pourraient servir de traceurs, les experts ont fait une découverte inattendue : des traces de plutonium d’origine inconnue, à hauteur de Rouen (Seine-Maritime). Or, elles ne correspondaient ni aux retombées des essais nucléaires atmosphériques des années 1950-1960, ni à celles de l’accident de Tchernobyl (Ukraine, 1986). Par ailleurs, ce type de rejets n’avait pas été répertorié dans le passé.
Les experts de l’IRSN ont finalement trouvé la source. La profondeur, la concentration et la nature (238Pu) ont permis de dater et ensuite de relier les rejets à un déversement accidentel, en 1975, de plutonium dans les eaux usées du Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA) de Fontenay-aux-Roses (Hauts-de-Seine).
L’Institut a également vérifié et conclu que ces concentrations bien que faibles n’avaient pas eu d’incidence sanitaire, à l’époque, sur les personnes consommant l’eau de la Seine ou travaillant à son contact – notamment les égoutiers de la station d’épuration d’Achères (Yvelines), qui ont traité ces effluents.