Savoir et comprendre
Résumé
4 mois après l'accident : les enseignements tirés
21/05/2012
L'accident de fusion partielle du cœur du réacteur de TMI est venu souligner que des cumuls de défaillances étaient susceptibles de conduire à un accident grave. L’IRSN (IPSN à l’époque) s’est alors attaché à analyser cet accident de façon à en tirer au plus tôt des enseignements qui permettraient d’améliorer la sûreté des centrales nucléaires françaises.
A peine quatre mois après l’accident, à la demande de l’autorité de sûreté nucléaire et sur la base d’un rapport de l’IRSN, le Groupe Permanent chargé des Réacteurs nucléaires formula un avis et des recommandations. Ces recommandations furent notifiées par l’autorité de sûreté nucléaire à Électricité de France dès août 1979.
Si les enseignements tirés de l'évaluation de cet accident ne remettaient pas en cause les principes fondamentaux de sûreté sur lesquels est fondée la conception des réacteurs à eau sous pression actuels, les réflexions en matière de sûreté se sont portées sur quatre grands sujets : la conduite des installations, le confinement des substances radioactives, l'expérience tirée de l'exploitation des centrales nucléaires et la mise en place de plans d’urgence.
La conduite des installations nucléaires
Pour un fonctionnement sûr des installations en conditions normales d'exploitation ou lors de situations accidentelles, il était recommandé que les opérateurs disposent en salle de conduite :
• d'informations fiables, suffisantes et représentatives de l'état réel de l'installation ;
• de documents de conduite clairement rédigés et validés, leur permettant en cas d’incidents ou d’accidents de ramener et maintenir à long terme le réacteur dans un état sûr.
Le confinement des substances radioactives
L'enceinte de confinement de TMI a joué son rôle et seule une contamination du bâtiment auxiliaire a été à l'origine de faibles rejets dans l'environnement. Limiter de tels rejets par les centrales françaises imposait alors :
• de limiter l'activité dans les locaux non conçus pour assurer un rôle de confinement vis-à-vis de ces rejets ;
• d’améliorer le confinement des effluents liquides et gazeux dans les locaux précités ;
• d’améliorer la surveillance de la radioactivité en situation accidentelle dans l'ensemble de l'installation.
L'expérience tirée de l'exploitation des centrales nucléaires
Il s'est avéré que l’accident de TMI aurait pu être évité. En effet, il avait été précédé de plusieurs incidents précurseurs, dont le plus important était survenu dans le réacteur de la centrale nucléaire américaine Davis Besse (Ohio). De manière très schématique, était appliquée l'équation implicite suivante :
pas de conséquence = pas d'importance
Ainsi, ces incidents n’avaient attiré l'attention ni des exploitants d’installations nucléaires, ni de l'autorité de sûreté, et les procédures accidentelles et la formation du personnel n'avaient pas été améliorées. Les autres centrales n'en avaient pas été informées.
L'accident de TMI a conduit à remettre totalement en cause cette équation.
Les recommandations des organismes de sûreté français et étrangers après l'accident de TMI illustrent l'importance pour la sûreté de la prise en compte des enseignements tirés du fonctionnement des centrales nucléaires : détection des points faibles de conception et d'exploitation, identification de précurseurs possibles d'accidents graves...
Pour utiliser efficacement ces enseignements, il fut recommandé de mettre en place des structures permettant d’analyser tous les événements survenant dans les installations et d’informer rapidement les responsables de celles-ci des conclusions et décisions découlant de ces analyses.
La mise en place des plans d’urgence en France
L’accident de TMI est lié pour partie à une mauvaise compréhension de la situation par les opérateurs. Il a été établi qu’il était très difficile, pour une équipe, de remettre en cause son interprétation de la situation. Il est ainsi apparu que la mise en place d’une équipe de crise, à même de prendre un peu de recul sur la situation, pourrait être d’un apport majeur. De même, la clarification du rôle des différents acteurs et l’organisation de la circulation de l’information en situation d’accident sont apparues nécessaires. Des plans d’urgence ont été développés sur ces bases. La nécessité d’un entraînement régulier a été également mise en évidence.
C’est au début des années 1980 que les plans d’urgence ont été mis en place en France. Des plans d’urgence interne ont été développés par les exploitants d’installations nucléaires dans le but de maîtriser autant que possible un accident et d’en limiter ses conséquences, porter secours aux blessés sur le site et informer les pouvoirs publics et la presse. Les pouvoirs publics ont établi des Plans Particuliers d’Intervention répondant à l’objectif général de protection des populations en cas d’accident grave pouvant se produire dans ces installations. Dès 1980, un premier exercice de crise a été organisé à la centrale nucléaire de Fessenheim (Haut-Rhin).