Savoir et comprendre

Microfissures dans certaines cuves de réacteurs nucléaires : faut-il s'en inquiéter ?

24/10/2014

​En Belgique, les réacteurs à eau pressurisée Doel 3 et Tihange 2 ont été arrêtés à la suite de contrôles réalisés sur leurs cuves. Ils font l’objet d’un programme international afin d’améliorer encore le suivi de ces composants essentiel. L’IRSN y participe.
 

La question de la résistance mécanique des cuves de réacteurs et de leur capacité à bien vieillir est revenue sur le devant de la scène avec le nouvel arrêt, en Belgique, des réacteurs nucléaires Doel 3 et Tihange 2, décidé en mars 2014 pour une durée indéterminée.
 

Les résultats de l’un des examens portant sur la ténacité de l’acier – sa capacité à résister à la propagation d’une fissure – n’ont pas été conformes aux attentes des experts. Aussi, l’autorité belge de sûreté, l’Agence fédérale de contrôle nucléaire (AFCN),  a demandé, par précaution, un nouvel arrêt des réacteurs.
 

 « Ces réacteurs ont déjà été arrêtés de juin 2012 à juin 2013 après la découverte de microfissures en très grand nombre dans leurs cuves », rappelle Bernard Monnot, spécialiste de ce composant à l’IRSN.  « Des examens par ultrasons, tels que ceux pratiqués en France, avaient révélé des défauts très probablement présents depuis leur construction dans les années 1970 mais jamais détectés jusque-là, faute de contrôle adéquat. »
 

Suite à ces contrôles, l’AFCN avait conclu à l’absence de risque et l’exploitant avait été autorisé à redémarrer ses installations, sous réserve d’effectuer des analyses complémentaires. 

 

Une trentaine de « défauts  de fabrication » en France
 

« En dépit du soin extrême apporté à la conception, une trentaine de ‘défauts de fabrication’ ont été identifiés à ce jour dans l’ensemble du parc français », constate Bernard Monnot. « Ces imperfections, d’une nature différente de celles identifiées en Belgique, concernent huit cuves construites avant 1979. Elles résultent du procédé de soudage du revêtement des cuves, qui a été modifié depuis. » Il s’agit de microfissures de faibles dimensions sur une paroi épaisse de plus de 200 mm.
 

Aucune évolution n’a été observée, mais les défauts sont surveillés par l’IRSN et par l'exploitant. L’exploitant EDF a pris les dispositions nécessaires pour justifier, en toute situation, la tenue en service de chaque cuve jusqu’à 40 ans – y compris celle de Tricastin 1, où le plus grand nombre d’imperfections a été relevé.
 

« Cette démonstration de sûreté fait l’objet de reconfirmations périodiques. En tout état de cause, les événements de Doel 3 et Tihange 2 sont mis à profit pour  renforcer encore le protocole de surveillance des cuves en France », confirme Bernard Monnot. Un programme d’essais mécaniques et d’études métallurgiques a été lancé sur le sujet par l’exploitant belge. 
 

Comme en 2012, l’AFCN a sollicité l’appui d’experts internationaux, dont ceux de l’IRSN. Les résultats de l’exploitant belge sont attendus pour l’automne 2014. Ils permettront à l’IRSN de tirer les enseignements utiles et de proposer à l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN), si besoin est, des dispositions complémentaires pour les réacteurs du parc français.

 

A lire également