Savoir et comprendre
Résumé
Bilan de la surveillance de la radioactivité en France
17/06/2024
L’IRSN est un acteur du dispositif national de la surveillance radiologique environnementale du territoire français métropolitain et outre-mer (*).
(*) : Au titre de l’article R. 592- 1.-II du Code de l’environnement et du décret 2016-283 de l’ASN.
Les principaux objectifs de la surveillance radiologique de l’environnement menée sur le territoire français sont les suivants :
- connaître l’état radiologique de l’environnement ;
- suivre son évolution au cours du temps et évaluer les expositions de la population qui en résultent ;
- détecter au plus tôt une élévation anormale de radioactivité et, le cas échéant, appuyer les pouvoirs publics dans la mise en œuvre de dispositions de protection de la population ;
- contribuer à vérifier le bon fonctionnement des installations rejetant des radionucléides dans l’environnement ;
- informer le public.
La surveillance radiologique de l’environnement opérée en France par l’IRSN répond à ces objectifs et entre dans le cadre de l’une de ses missions propres. Elle permet :
- de couvrir l’ensemble du territoire national à proximité et à distance des sources de radioactivité, y compris en outre-mer ;
- de connaître précisément les niveaux de radioactivité dans tous les compartiments de l’environnement : atmosphérique, terrestre et aquatique (eaux souterraines, continentales et marines) ;
- de déceler, grâce aux performances des moyens mis en œuvre, des augmentations anormales des niveaux de radioactivité, même très faibles, dans l’environnement ;
- d’évaluer les expositions de la population et des écosystèmes qui en résultent.
La mission de surveillance menée par l’IRSN s’articule autour des trois axes :
La surveillance radiologique régulière
Le plan de la surveillance régulière effectuée par l’IRSN est défini annuellement afin de prendre en compte l’évolution des activités nucléaires, les progrès en termes de prélèvement et de métrologie, les résultats obtenus les années précédentes ainsi que les éventuels événements radiologiques. Ce plan de surveillance couvre tous les compartiments de l’environnement (aquatique, continental et marin, atmosphérique, terrestre, denrées alimentaires). Les résultats des mesures réalisées par l’IRSN sont publiés sur le site Internet du Réseau National de Mesure.
Les études radiologiques dans l’environnement de sites nucléaires
En complément de sa surveillance régulière, l’IRSN réalise ponctuellement des études radiologiques de l’environnement proche de sites industriels qui ont pour but d’affiner ses connaissances sur leur influence et d’estimer de manière la plus réaliste possible les expositions des populations avoisinantes. Elles sont généralement réalisées en associant les acteurs de la société civile. Elles permettent en outre de contribuer à la qualification des modèles de dispersion et de transfert des radionucléides dans l’environnement et à l’évaluation d’impact environnemental et dosimétrique utilisés par l’Institut.
Une rubrique du site internet de l’IRSN est dédiée aux études radiologiques menées par l’IRSN dans l’environnement de sites nucléaires : Qu’est-ce qu’une étude radiologique de site (ERS) ?
La surveillance radiologique réactive
L’IRSN a la capacité d’établir rapidement une stratégie d’investigation et de surveillance spécifique ainsi que de déployer les moyens techniques et humains correspondants :
- à la suite d’un événement industriel pouvant conduire à suspecter un rejet radioactif non contrôlé, concrétisé par la détection de niveaux de radioactivité inhabituels ;
- pour répondre à des questions particulières des pouvoirs publics ou de la société : questionnement sur l’état radiologique d’un territoire, d’un milieu, qu’il soit lié à des processus naturels ou à des activités anthropiques actuelles ou passées.
Trois rubriques du site internet de l’IRSN abordent le sujet de la surveillance réactive réalisée par l’IRSN :
La surveillance radiologique de l’environnement est également réalisée en France par d’autres acteurs :
- Les exploitants d’installations nucléaires (Andra, CEA, EDF, ILL, Marine nationale et Orano, autres exploitants de la Défense nationale, …) réalisent notamment une surveillance réglementaire locale autour de leurs sites nucléaires en application de dispositions réglementaires, dont les prescriptions sont édictées par l’Autorité de sureté nucléaire (ASN) pour les installations nucléaires civiles et le Délégué à la sûreté nucléaire et à la radioprotection (DSND) pour les activités et installations intéressant la Défense. Ce programme peut, le cas échéant, être précisé et adapté aux spécificités locales dans des décisions de l’ASN propres à chaque site. Pour les anciens sites miniers, le programme de surveillance à mettre en œuvre est défini par arrêté préfectoral.
- L’ASN, les ministères (ministère des Solidarités et de la Santé, ministère de l’Agriculture et de la Souveraineté Alimentaire, ministère de l’Economie), les services de l’État et les autres acteurs publics ont pour mission de réaliser une surveillance du territoire national ou bien des missions de contrôle ou de surveillance sur des secteurs particuliers (les denrées alimentaires pour ce qui concerne par exemple le ministère de l’Agriculture et de la Souveraineté Alimentaire via la DGAL).
- Les associations agréées de surveillance de la qualité de l’air (AASQA), les collectivités locales, les associations (CLI, ACRO, les associations de protection de l’environnement) qui réalisent des surveillances indépendantes des pouvoirs publics.
La pluralité des acteurs permet la complémentarité de la surveillance entre, d’une part, l’IRSN et les acteurs publics qui assurent une surveillance du territoire à l’échelle locale, régionale et nationale, d’autre part, les exploitants qui exercent une surveillance à proximité de leurs installations nucléaires. La surveillance complémentaire des associations, souvent sur des thématiques particulières, permet de renforcer l’ensemble du système.
L’IRSN acteur du réseau RNM
Au-delà de sa mission propre en matière de surveillance radiologique environnementale, la surveillance effectuée par l’IRSN s’inscrit également et plus largement dans le cadre du Réseau national de mesure de la radioactivité de l’environnement (RNM) (*) , géré par l’IRSN sous l’égide de l’ASN et qui associe, outre les exploitants d’installations nucléaires, plusieurs acteurs publics ou privés : différents services de l’État chargés notamment du contrôle des denrées alimentaires produites en France ou importées, l’ACRO, des associations pour la protection de l’environnement et pour le contrôle de la qualité de l’air, ainsi que des collectivités locales et les Commissions locales d’information (Cli).
(*) : Les objectifs et enjeux du RNM sont présentés ici
Zoom sur la surveillance radiologique régulière de l’IRSN en France
L’activité de surveillance radiologique régulière de l’environnement de l’IRSN représentera en 2024 environ 6500 prélèvements prévus, 8700 analyses et 58000 résultats de mesure. Cette activité s’appuie sur plusieurs dispositifs :
Les réseaux de télédétection
Il s’agit des réseaux Téléray et Hydrotéléray mesurant la radioactivité en temps réel et destinés à alerter en cas de situation radiologique anormale pouvant, le cas échéant, conduire à prendre des dispositions de protection de la population, notamment en cas d’accident grave. Ces réseaux mesurent en permanence le rayonnement gamma ambiant dans l’air (Téléray) au moyen plus de 470 balises réparties sur l’ensemble du territoire (métropole et outre-mer) et dans les cours d’eau (Hydrotéléray) avec sept stations implantées sur les sept principaux fleuves français recevant les effluents des centrales nucléaires.
Les réseaux de stations de prélèvement en continu d’échantillons d’air et d’eau
En complément des réseaux Téléray et Hydrotéléray, pour connaître avec plus de précision les niveaux de radioactivité dans l’air et dans les cours d’eau et déceler, le cas échéant, des anomalies, l’IRSN dispose du réseau OPERA-AIR, du réseau des collecteurs d’eau de pluie et d’un réseau d’hydrocollecteurs :
- le réseau OPERA-AIR est constitué de 52 stations qui prélèvent de manière continue des aérosols atmosphériques sur des filtres qui sont ensuite analysés en laboratoire. Parmi ces stations, celles à moyen débit (80 m3/h) sont dotées d’un dispositif complémentaire de prélèvement d’iode radioactif gazeux qui serait déclenché en cas d’accident nucléaire ;
- le réseau de 42 préleveurs d’eaux de pluie est implanté à proximité immédiate des stations OPERA-AIR. Son analyse est complémentaire à celle des aérosols, permettant une évaluation des niveaux de radioactivité dans les retombées par temps sec et humide ;
- le réseau d’hydrocollecteurs est constitué de 26 stations qui prélèvent l’eau du milieu récepteur des rejets en aval des installations nucléaires. Deux analyses hebdomadaires sont faites sur des échantillons, pour mesurer respectivement les radionucléides dissous et les radionucléides fixés sur les matières en suspension dans l’eau.
La collecte d’échantillons
En complément des réseaux précédents, l’IRSN traite et analyse des échantillons d’eaux, de sols, de sédiments, de végétaux bioindicateurs (herbes, feuilles d’arbres, plantes aquatiques, algues, etc.) et de denrées alimentaires (légumes, laits, céréales, viandes, poissons de rivière et de mer, coquillages, etc.) collectés par ses soins ou qui lui sont adressés par un « réseau » de préleveurs (exploitants nucléaires, collectivités locales, services de l’État, organismes publics, etc.). Ces échantillons sont prélevés régulièrement en plusieurs points du territoire français métropolitain et de l’outre-mer.
Un plateau métrologique performant en situation normale comme en situation de crise radiologique
Les textes réglementaires, dont la décision ASN 2008-DC-0099, confèrent à l’IRSN un rôle de Laboratoire Référent national pour la mesure de la radioactivité dans l’environnement et la mission d’organiser des essais d’aptitude inter-laboratoires. Les compétences de ses laboratoires, qui sont accrédités par le COFRAC, couvrent tous les types d’analyses requis, qu’il s’agisse de la surveillance de routine ou d’études nécessitant les performances les plus pointues et la mise en œuvre des plus récentes avancées issues de ses programmes de R&D. Le plateau métrologique de l’IRSN se déploie sur 4 000 m² de laboratoires et comprend plus de 300 appareils de mesure permettant de réaliser environ 13 000 analyses par an.
En situation d’évènement radiologique, le Laboratoire de traitement et d’analyse d’échantillons environnementaux en situation post-accidentelle (LATAC), plateforme polyvalente, permet, en toute sécurité et dans des délais contraints, de prendre en charge de nombreux types d’échantillons environnementaux, provenant de l’air, de l’eau, du sol, de la faune, de la flore et des denrées alimentaires, avec une capacité d’analyse importante.
Pour en savoir plus :
Les réseaux de surveillance de la radioactivité dans l’environnement de l’IRSN sont présentés ici.
Les plans annuels de surveillance radiologique régulière de l’environnement
Le plan de la surveillance régulière (PSR) effectuée par l’IRSN est défini annuellement afin de prendre en compte les résultats obtenus dans le cadre des plans de surveillance des années antérieures, l’amélioration des dispositifs de prélèvement ou de métrologie, l’analyse du fonctionnement des installations nucléaires ou l’évolution du contexte réglementaire. Ce plan de surveillance couvre tous les compartiments de l’environnement (aquatique continental et marin, atmosphérique, terrestre dont les denrées alimentaires) et s’appuie sur le dispositif de surveillance radiologique de l’environnement de l’IRSN.
Les résultats des mesures réalisées par l’IRSN sont publiés sur les sites Internet du RNM et de l’IRSN.
Consulter le rapport du PSR 2024 de l’IRSN
Le PSR est également accessible via un serveur « PowerBI » accessible ici
Cette interface facilite la consultation du PSR et la rend plus interactive en présentant, sous forme cartographique, les principales informations pour chaque point de prélèvement (matrice, fréquence de prélèvement, analyses réalisées, etc.) ainsi que les réseaux automatiques implantés par l’Institut.
La transparence de l’IRSN en matière de surveillance radiologique de l’environnement
L’IRSN contribue à l’information du public au moyen, notamment, de la publication :
- de bilans périodiques de l’état radiologique de l’environnement français (voir ci-dessous) ;
- de bilans périodiques de la surveillance de la radioactivité en Polynésie française ;
- de constats radiologiques régionaux, à distance des installations nucléaires ;
- d’études radiologiques de sites, au plus près des installations nucléaires, visant à mieux caractériser les niveaux de radioactivité et l’exposition des populations ;
- d’études radiologiques ad hoc, de rapports de synthèse sur l’état radiologique de l’environnement (bruit de fond…) ;
et de la mise à disposition d’une application pour smartphones qui permet de visualiser en temps réel le niveau de radioactivité ambiante (débit de dose du rayonnement gamma ambiant) sur l’ensemble du territoire national à partir des mesures du réseau Téléray.
L’IRSN travaille par ailleurs avec l’Association nationale des commissions et comités locaux d’information (Anccli) et ses Commissions locales d’information (Cli). Il participe notamment à des sessions d’information du public directement concerné par le fonctionnement d’installations nucléaires et développe des projets de sciences participatives comme OpenRadiation, permettant un accès et un partage de la mesure citoyenne de la radioactivité dans l’environnement.
Bilans de l’état radiologique de l’environnement français publiés par l’IRSN depuis la mise en place du RNM :
Synthèse de l’ensemble des données collectées par les membres du Réseau National de Mesures de la radioactivité de l'environnement (RNM), le Bilan triennal de l’état radiologique de l’environnement français actualise la connaissance de l’état radiologique du territoire dans son ensemble et de l’environnement des sites nucléaires (INB) et de certaines Installations Classées pour la protection de l’Environnement (ICPE).
Le Réseau National de Mesure de la Radioactivité de l’Environnement (RNM) centralise et met à disposition du public (www.mesure-radioactivite.fr/) l’ensemble des résultats de mesures issus de la surveillance radiologique du territoire réalisées par ses membres (services de l’Etat, établissements publics, exploitants nucléaires, associations…). Tous les trois ans, il confie à l’IRSN la tâche d’analyser, d’interpréter et de présenter au public les résultats de cette surveillance.
Bilan 2021-2023 :
- Bilan de l'état radiologique de l'environnement français de 2021 à 2023 (PDF, 29 Mo)
- Eléments marquants du Bilan 2021-2023 (PDF, 188 Ko)
- Rapport d'informations complémentaire au bilan (PDF, 7 Mo)
- Synthèse (actualité du 16 décembre 2024)
Bilan 2018-2020 :
- Bilan de l'état radiologique de l'environnement français de 2018 à 2020 (PDF, 29 Mo)
- Eléments marquants du Bilan 2018-2020 (PDF, 123 Ko)
- Synthèse (actualité du 13 décembre 2021)
Bilan 2015-2017 :
- Bilan de l'état radiologique de l'environnement français de 2015 à 2017 (PDF, 14 Mo)
- Eléments marquants du Bilan 2015-2017 (PDF, 111 Ko)
- Synthèse (actualité du 8 janvier 2019)
Bilan 2011-2014 :
- Bilan de l’état radiologique de l’environnement français 2011-2014 (14,85 Mo)
- Synthèse (actualité du 6 janvier 2016)
Bilan 2012 :
Bilan 2010-2011 :
Bilans de l’état radiologique de l’environnement français publiés antérieurement par l’IRSN :