L'étude INWORKS

  • La recherche

  • Recherche

29/07/2015

Dernière mise à jour : 2 septembre 2024

​L'étude INWORKS est une étude épidémiologique internationale sur les travailleurs du secteur nucléaire mise en place en 2011, coordonnée par le Centre International de Recherche sur le Cancer (CIRC) et à laquelle l'IRSN contribue. Cette étude vise à améliorer les connaissances relatives aux risques de cancer et de pathologies non-cancéreuses liés à une exposition chronique à de faibles doses de rayonnements ionisants délivrées à de faibles débits de dose.


 

Contexte et objectifs

 

Le système actuel de gestion de la radioprotection des travailleurs est fondé sur une extrapolation des connaissances des risques radio-induits issus du suivi épidémiologique des survivants des bombardements d’Hiroshima et de Nagasaki (Japon) en 1945. La validité de cette extrapolation pour des expositions chroniques à de faibles doses de rayonnements était à ce jour limitée par les effectifs et les durées de suivi trop courtes des études épidémiologiques. L’étude internationale INWORKS a été initiée pour mieux caractériser la relation entre une exposition prolongée à de faibles doses de rayonnements ionisants et la mortalité par cancers ou pathologies non-cancéreuses.


INWORKS est l’étude épidémiologique la plus importante jamais réalisée visant à quantifier les risques sanitaires potentiellement associés à une exposition chronique à des rayonnements ionisants dans un contexte professionnel, réglementairement encadré. La robustesse de cette étude résulte du protocole mis en place, qui repose sur la combinaison des cohortes de travailleurs les plus importantes au monde, la standardisation des critères d’inclusion, la vérification de l’homogénéité et de la qualité des données, l’application de différentes méthodes d’analyse statistique et la vérification de la stabilité des résultats par la réalisation d’analyses de sensibilité. La méthode de reconstitution de l’historique dosimétrique individuel a fait l’objet d’une publication spécifique.

 

 

Déroulement de l'étude


Populations incluses

 

INWORKS s’appuie sur un protocole identique à celui mis en oeuvre pour l’étude dite "15 pays" lancée par le CIRC dans les années 2000 et dont les résultats ont été publiés à partir de 2005 (Cardis 2005, Cardis 2007, Vrijheid 2007). Cette étude combine les données des trois cohortes de travailleurs les plus riches en données de l’étude "15 pays" - la française, la britannique (Royaume-Uni) et l’américaine (États-Unis) - récemment élargies et mises à jour.


L’étude INWORKS inclut 308 297 travailleurs et présente une puissance statistique jamais égalée dans le domaine de l’épidémiologie pour des expositions chroniques aux faibles doses car elle repose sur des données individuelles précises et un suivi de longue durée, en moyenne 27 ans.


La cohorte française regroupe plus de 59 000 travailleurs embauchés au moins un an entre la fin des années 1940 et 1994 par différentes entreprises.


La cohorte britannique est constituée de travailleurs embauchés au moins un an avant 2000 par des organisations fournissant des données de surveillance dosimétrique au registre national des travailleurs du nucléaire.


La cohorte américaine regroupe des travailleurs embauchés au moins un an avant 1993 par le département de l’énergie américain.


La description de l’étude INWORKS a fait l’objet d’une publication scientifique dans le journal International Journal of Epidemiology (Hamra et coll. 2015).


 

Méthodologie

 

La reconstitution pour chaque travailleur des doses annuelles absorbées aux différents organes pertinents pour l’étude du risque de cancer solide, leucémie ou pathologies non cancéreuses (i.e., côlon, poumon, moelle osseuse et sein chez la femme) a été réalisée à partir des données individuelles recueillies dans le cadre de la surveillance réglementaire des travailleurs (exprimée en Gray) en appliquant les coefficients de conversion de dose de la Commission internationale de protection radiologique (CIPR). La méthodologie utilisée pour la reconstitution des doses est décrite dans un article publié dans Radiation Research (Thierry-Chef et coll. 2015).


La confrontation des doses ainsi reconstituées à la mortalité observée dans la cohorte conduit à une analyse des risques de décès par leucémies, lymphomes et myélome multiple, cancers solides et pathologies non-cancéreuses associés à l’exposition aux rayonnements ionisants :

  • pour chacune des cohortes, un suivi de la mortalité basé sur les certificats de décès a été réalisé (jusqu’en 2004 pour la France, 2001 pour le Royaume-Uni et 2005 pour les États-Unis) ;
  • l’excès de risque relatif (ERR) de décès par leucémie non-lymphoïde chronique, lymphome et myélome multiple est estimé en utilisant un modèle linéaire sur la dose cumulée en tenant compte de l’effet du pays, du sexe, de l’âge et de la période calendaire ;
  • une période de latence de deux ans pour les leucémies et de 10 ans pour les lymphomes et les myélomes multiples est appliquée ;
  • en complément, des analyses ont été conduites sur des intervalles de doses restreints ;
  • des analyses de sensibilité ont également été conduites pour certaines variables (catégorie socio-professionnelle, durée de la période de latence, exposition aux neutrons, contamination interne).

 

Références

  • Leuraud K, Laurier D, Gillies M, Haylock R, Kelly-Reif K, Bertke S, Daniels RD, Thierry-Chef I, Moissonnier M, Kesminiene A, Schubauer-Berigan MK, Richardson DB. Leukaemia, lymphoma, and multiple myeloma mortality after low-level exposure to ionising radiation in nuclear workers (INWORKS): updated findings from an international cohort study. Lancet Haematol. 2024 (https://www.thelancet.com/journals/lanhae/home)
  • Richardson DB, Leuraud K, Laurier D, Gillies M, Haylock R, Kelly-Reif K, Bertke S, Daniels RD, Thierry-Chef I, Moissonnier M, Kesminiene A, Schubauer-Berigan MK. Low dose exposure to ionizing radiation and cancer: Updated findings from the International Nuclear Workers Study (INWORKS). British Med J. 2023; 382:e074520. https://www.bmj.com/content/382/bmj-2022-074520 
  • Hamra GB, Richardson DB, Cardis E, Daniels RD, Gillies M, O’Hagan JA, Haylock R, Laurier D, Leuraud K, Moissonnier M, Schubauer-Berigan M, Thierry-Chef I, Kesminiene A. Cohort Profile: The International Nuclear Workers Study (INWORKS). Int. J. Epidemiol 2015; http://dx.doi.org/10.1093/ije/dyv122.
  • Leuraud K, Richardson DB, Cardis E, Daniels RD, Gillies M, O’Hagan JA, Hamra GB, Haylock R, Laurier D, Moissonnier M, Schubauer-Berigan M, Thierry-Chef I, Kesminiene A. Ionizing Radiation and Leukaemia and Lymphoma: Findings from an international cohort study of radiation-monitored workers (INWORKS). The Lancet Haematol. 2015 July; 2: e276-e281. http://dx.doi.org/10.1016/S2352-3026(15)00094-0.
  • Thierry-Chef I, Richardson DB, Daniels RD, Gillies M, Hamra GB, Haylock R, Kesminiene A, Laurier D, Leuraud K, Moissonnier M, O’Hagan JA, Schubauer-Berigan M, Cardis E, on Behalf of the INWORKS Consortium. Dose estimation for a study of nuclear workers in France, the United Kingdom and the United States of America: methods for the International Nuclear Workers Study (INWORKS). Radiat. Res. 2015; 183(6):632-642.
Migration content title
Laboratoire IRSN impliqué
Migration content title
Plus d'informations