Savoir et comprendre
Résumé
Conséquences de l'accident à l'échelle mondiale
21/05/2012
Dispersion des rejets radioactifs dans l’atmosphère à l’échelle mondiale
A compter du 12 mars 2011, le panache radioactif résultant des rejets des réacteurs nucléaires accidentés de la centrale de Fukushima Daiichi s'est déplacé, tout en se diluant, dans les courants atmosphériques de l’hémisphère nord.
Entre le 19 mars et le 8 avril 2011, l’IRSN a réalisé, avec l’aide de Météo France, plusieurs évaluations de l’impact à très grande distance des rejets radioactifs dans l’air provenant de la centrale nucléaire accidentée de Fukushima, depuis le 12 mars 2011. Ces évaluations ont été réalisées à partir de l’estimation des rejets faite par l’IRSN grâce à l’analyse des données techniques disponibles sur les installations accidentées et dans l’environnement.
Les différentes modélisations réalisées ont fourni une prévision au niveau mondial des concentrations de césium 137 attendues dans l’air au niveau du sol. Le césium 137 a été choisi comme élément représentatif des rejets radioactifs de la centrale nucléaire de Fukushima Daiichi en raison de sa période radioactive longue. Il est accompagné des autres radionucléides volatiles rejetés par la centrale accidentée, notamment l’iode 131.
Ces évaluations ont permis de prévoir le délai d’arrivée des masses d’air polluées sur les différents continents et l’évolution des concentrations dans l’air, permettant d’apprécier les niveaux de risque pour la santé et l’environnement, notamment pour la France (métropole et outremer).
Modélisation de la dispersion des rejets radioactifs dans l’atmosphère à l’échelle globale
Version du 6 avril 2011, publiée le 8 avril 2011 (dernière modélisation réalisée).
Modélisation de la dispersion des rejets radioactifs dans l’atmosphère à l'échelle de l'Asie
Version du 6 avril 2011, publiée le 8 avril 2011 (dernière modélisation réalisée).
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La dispersion atmosphérique des polluants radioactifs émis par la centrale de Fukushima Daiichi n’a affecté que l’hémisphère nord.
Le continent nord-américain a été le premier touché, à partir du 16 ou 17 mars 2011. Des résultats de mesure publiés par l’agence pour la protection de l’environnement des Etats-Unis (US EPA) ont confirmé la présence de traces d’iode et de césium radioactifs mesurée dans l’air le 18 mars 2011 à Sacramento en Californie. Les valeurs mesurées étaient de 0,165 mBq/m3 pour l’iode 131, de 0,03 mBq/m3 pour l’iode 132 et de 0,002 mBq/m3 pour le césium 137.
Les polluants radioactifs dispersés dans l’air auraient ensuite atteint les Antilles françaises à partir du 21 mars 2011 et Saint-Pierre-et-Miquelon à partir du 23 mars 2011. Les niveaux de concentration des radionucléides dans l’air, estimée inférieures à 1 mBq/m3, sont trop faibles pour être détectables par les sondes de mesure permanente de l’intensité du rayonnement ambiant (réseau Téléray).
Sur le continent européen, c’est l’Europe du Nord et du Nord-est qui a été touchée en premier, à partir du 22 mars 2011 et surtout du 23 mars 2011. Ainsi, en Suède, de l’iode 131 a été mesuré dans l’air à Stockholm, Umeå et Kiruna à une concentration inférieure à 0,30 mBq/m3, ainsi qu’en Finlande (moins de 1 mBq/m3) et en Allemagne (0,33 mBq/m3 pour l’ensemble des radionucléides artificiels détectés), pour des prélèvements effectués entre le 22 et le 23 mars 2011. Aux Pays-Bas, de l’iode 131 a également été détecté dans l’air à une concentration de 0,17 mBq/m3.
La France et le sud-ouest de l’Europe ont commencé à être atteints à partir du 24 mars 2011 et surtout le 25 mars 2011. La présence de traces d’iode 131 sous forme particulaire détectées par l’IRSN dans l’air prélevé au sommet du Puy-de-Dôme entre le 21 et le 24 mars 2011 semble confirmer cette prévision. Les résultats obtenus par l’IRSN pour les prélèvements des jours suivants, ainsi que ceux transmis à l’IRSN par les exploitants d’installations nucléaires qui effectuent une surveillance permanente de la radioactivité sur leur site, ont montré la présence d’iode 131 (sous forme d’aérosols et de gaz) dans l’air sur l’ensemble de la France à partir des 25 et 26 mars 2011.
Au cours de la dernière semaine de mars 2011, les masses d’air pollué ont poursuivi leur déplacement vers l’Asie. L’impact prévisible pour l’ensemble de l’Asie, y compris la Chine et la Corée pourtant proches du Japon, est semblable à celui observé en Europe.
Impact en France métropolitaine et en outre-mer
Dès la mi-mars 2011, l’IRSN a mis en œuvre une surveillance renforcée de la radioactivité en France métropolitaine et en outre-mer pour évaluer les risques radiologiques de l’accident de Fukushima Daiichi. Ce dispositif a consisté en un renforcement de la vigilance sur les dispositifs de surveillance traditionnels de l'IRSN, associé à un déploiement de moyens complémentaires, tant pour la surveillance de la radioactivité ambiante que la surveillance par prélèvements d'échantillons dans l'environnement :
- surveillance en temps réel de la radioactivité ambiante grâce au réseau Téléray de sondes fixes qui mesurent l’intensité du rayonnement gamma ambiant (exprimée en débit de dose en nanosievert par heure – nSv/h). En mars 2011, ce réseau comptait 170 sondes dont 7 en outremer et 1 à l’ambassade de France à Tokyo.
- surveillance par prélèvements d'échantillons dans l'environnement : cette surveillance environnementale spécifique s’inscrit dans le cadre de la mission permanente de l’IRSN de surveillance de la radioactivité du territoire national (23 000 prélèvements analysés par an). Elle a pour objectif de confirmer et de quantifier la présence attendue dans l’air d’éléments radioactifs sous forme de particules en suspension (aérosols) et d’iode radioactif gazeux (iode 131 notamment), ainsi que de suivre leur devenir dans l’environnement et leur impact éventuel sur la chaîne alimentaire (eau de pluie, herbe, légumes-feuilles, lait). Les zones et les types de prélèvements sélectionnés permettent de disposer d’une couverture de surveillance générale de la France (métropole et outremer).
L’ensemble des résultats de mesure obtenus dans l’air, l’eau de pluie et des produits terrestres montrent qu’aucune trace de radionucléides imputables à l’accident de Fukushima n’a été décelée avant le 24 mars 2011.
La surveillance a permis de mettre en évidence la présence de traces des principaux radionucléides rejetés dans l’air lors de cet accident (iode 131, césiums 134 et 137, et dans une moindre mesure tellure 132) et d’en suivre l’évolution jusqu’en mai 2011. A titre d’exemple, les niveaux maximaux en iode 131 détectés ont été de l’ordre de quelques millibecquerels par mètre cube d’air, de la dizaine de becquerels par kilogramme de végétaux et de quelques becquerels par litre dans l’eau de pluie ou dans le lait.
A aucun moment, ces concentrations n’ont présenté de risque environnemental ou sanitaire.
Les différentes observations ont montré que les régions françaises ont été touchées de façon similaire, avec des fluctuations spatiales et temporelles dues au déplacement des masses d’air. Ces niveaux sont cohérents avec les estimations issues des modélisations réalisées par l’IRSN en collaboration avec Météo-France. Ces concentrations se situaient à des niveaux de 500 à plus de 1000 fois inférieurs à ceux mesurés début mai 1986 en France suite à l’accident de Tchernobyl.
Sur la base de mesures significatives en iode obtenues sur la période, les expositions maximales par inhalation et ingestion d’iode 131 ont été calculées. Pour l’enfant de 1 an, la dose inhalation maximale est de 2 micro sieverts (µSv) et pour l’adulte de 0,03 µSv. Pour la dose ingestion, 43 µSv et 0,17 µSv respectivement.
Ces doses estimées sont très faibles et permettent de confirmer qu’à aucun moment, les concentrations en radionucléides d’origine artificielle (iode 131 et césiums 134 et 137) mesurées dans les différents compartiments de l’environnement en France métropolitaine et dans les DROM-COM, n’ont présenté un risque environnemental ou sanitaire.
A partir de début mai 2011, les concentrations en radionucléides artificiels sont revenues à des niveaux proches des limites de détection et le plan de surveillance renforcée a été suspendu. Six mois après l’accident, le niveau ambiant de césium 137 (seul radionucléide artificiel encore mesurable) ne représentait plus que le double du niveau ambiant résiduel avant l’accident, soit moins de 0,4 µBq/m3.